Écrivain majeur de la littérature turque, Nedim Gürsel (né en 1951) vient de publier un ouvrage intitulé De ville en ville où, en chevalier errant, il visite Bruxelles, Prague, Saint-Pétersbourg, Buenos Aires sur les traces de ses écrivains fétiches : Baudelaire, Kafka, Nâzim Hikmet, Dostoïevski ou Borges.

l Quel est le principal trait de votre caractère ?
La curiosité.
l Votre vertu préférée ?
Je n’aime pas beaucoup le mot vertu. Je le trouve un peu moralisateur.
l Votre qualité préférée chez un homme ?
La fidélité en amitié.
l Et chez une femme ?
Le désir qu’elle éprouve pour son partenaire.
l Qu’appréciez-vous le plus chez vos amis ?
Leur disponibilité.
l Votre occupation préférée ?
Un dîner bien arrosé si possible dans un bon restaurant, peu importe le pays.
l Votre rêve de bonheur ?
Se réveiller tôt pour écrire après une nuit d’amour.
l Quel serait votre plus grand malheur ?
La mort prématurée de ma fille de 12 ans. J’ai beaucoup écouté Le chant des enfants morts de Mahler chanté par Kathleen Ferrier.
l Si vous n’étiez pas vous, qui seriez-vous ?
L’avocat du diable.
l Le pays où vous désireriez vivre ?
La Turquie et la France. C’est le cas.
l Votre couleur préférée ?
Le bleu. Celui que les grands peintres vénitiens ont mis sur le manteau de la Madone. C’est le bleu de Giovanni Bellini. J’en parle dans Les turbans de Venise.
l La fleur que vous aimez ?
La tulipe parce que sous l’Empire ottoman, l’époque de la tulipe désigne une ère de plaisir et de loisirs, une manière hédoniste de vivre qui me convient bien.
l Vos auteurs favoris en prose ?
Hemingway pour certaines de ses nouvelles. Kafka parce que c’est une grande figure. Je me suis passionné pour la vie de Kafka.
l Vos poètes préférés ?
Nâzim Hikmet, Rimbaud, Baudelaire.
l Vos héros dans la fiction ?
Ulysse d’Homère. L’errance est un de mes thèmes favoris.
l Votre héroïne dans la fiction ?
Emma Bovary et Anna Karénine. Toutes les deux se révoltent contre le conformisme bourgeois.
l Vos compositeurs préférés ?
Mahler et Vivaldi. Le Vivaldi de Stabat Mater.
l Vos héros dans la vie réelle ?
Ma mère parce qu’elle a perdu son mari très jeune, ne s’est pas remariée et a appris le français par amour pour son mari défunt.
l Vos prénoms favoris ?
Il y a des prénoms très imagés en turc. Leila signifie nocturne. Gün veut dire le jour. J’ai appelé ma fille Leila Gün. Nuit et jour. C’est une totalité.
l Ce que vous détestez par-dessus tout ?
La guerre.
l L’état présent de votre esprit ?
Troublé.
l Les fautes qui vous inspirent le plus d’indulgence ?
L’infidélité, si l’on peut dire que c’est une faute.
l Votre devise ?
Probablement « Carpe diem ». Mais j’aimerais qu’il y ait une dimension plus mystique à cette devise. La jouissance par l’imagination, c’est important aussi.