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2020-04 / NUMÉRO 166   RÉAGISSEZ / ÉCRIVEZ-NOUS
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Témoignage



Par Diana Abbani
2019 - 11
Plus de quatre saisons se sont écoulées depuis mon dernier départ de Beyrouth et j’avais juré de ne plus y revenir. Cette ville n’a cessé de provoquer ma colère et mes souffrances en raison de ses tourmentes, de ses guerres, de ses tensions, de son fanatisme et de son racisme croissants. Je l’ai maintes fois quittée, tout en souhaitant constamment y revenir. Mais le retour s’est avéré chaque fois plus difficile. 

Pourtant cette fois-ci, ce n’est pas Beyrouth qui m’a ramenée vers elle. Les cris me sont parvenus de Tyr, de Tripoli et de Nabatiyeh, bouleversant mon exil. Je n’aime toujours pas le patriotisme libanais, mais j’aime les villes et les campagnes du Liban. 

Ce soir, je vais donc acheter une bouteille de whisky, tout en m’imaginant qu’il s’agit de cette autre bouteille, celle que mon père avait trouvée sous les décombres de notre maison après la guerre de 2006. Et pour régler mes comptes, je trinquerai à la santé des années de guerre et de paix qui ont brisé les rêves de mes parents et défiguré ma ville. Je trinquerai à la santé d’un pays et d’un parti, qui ont trahi nos sacrifices, me privant aujourd’hui de ces moments qui sont invivables à distance. Je trinquerai à la santé des routes bloquées et des manifestants, car mon cœur est toujours là-bas. 

Ayant obligé ma fille de six ans à m’accompagner aux rassemblements des Libanais à l’étranger, elle m’a confié ceci?: «?Les manifestations à Beyrouth, c’est bien meilleur, maman?!?». Elle n’a pas tort. 


 
 
D.R.
 
2020-04 / NUMÉRO 166