Par Chawki Abi Chakra
2009 - 04
Né à Beyrouth en 1935, Chawki Abi Chakra est considéré comme l’un des pères de la poésie arabe moderne. Journaliste à an-Nahar, collaborateur avec Adonis, Youssef el-Khal et Ounsi el-Hajj à la revue Chi’r, il est l’auteur d’une dizaine de recueils poétiques. À l’occasion de son Salon, le Mouvement culturel-Antélias vient de lui rendre un vibrant hommage.Â
Je lis l’étoile, le livre de magie et de l’arrangement des cheveux. Je m’entretiens avec les savants et les paysans. J’ouvre l’écurie à mon âne. C’est un animal novateur ; il donne des ruades à la lune, mord les voyageurs, dresse haut les oreilles par-dessus ma tête, plonge dans l’huile, les olives, la tempête. Il est fait d’acier et de cire. Je l’allume gratuitement pour qu’il brille et éclaire le monde, quand il y a éclipse du soleil.
* Â * Â *
Mon père était un gendarme peu soucieux du poste de gendarmerie. Il portait une redingote munie de boutons brillants comme un sou neuf. Au bord de la mer, il s’obstina à tirer sur le sous-marin. Les chefs et les alliés le félicitèrent. Ils l’invitèrent à un thé et il devint caporal.
(De l’eau pour l’étalon de la famille, 1962)
* Â * Â *
L’église
Je me suis assis à sa droite
Sur son front j’ai écrit
Une ligne de terre
Je la supplie
Je dis au nom du Père
Et du Fils
Le temps a changé
L’église du poème a changé
Elle sonne le glas
La ligne est un enfant
Qui frappe à la porte
Les croyants sont partis en voyage
Et ont mis le feu au clocher.
(L’écureuil tombe de la tour, 1971)