Par Fâtemeh Ekhtesâri
2015 - 12
D’abord demande
D’abord demande !
Qui est-ce ?
Il n’y a personne.
Où et quand ?
Son temps et son lieu restent indéterminésÂ
Maintenant finies les questions, observe bien.
Observer quoi ?
Que la vie est vide de sensÂ
Toujours plus flous les contours de ton existence.Â
C’est absurde ce dialogue imaginaireÂ
J’ai de tout temps ex…exit…existé…Â
Le point le plus certain en toi s’enfuit de toi.Â
Je sens que…Â
Patience, pas si viteÂ
Tes sens sont à vif.Â
Que faire dans ce non-être en soi ?
Pour toi ne reste d’autre issue que le verbeÂ
Et le choix de déclamer tel ou tel mot.Â
Courir ici et là à demander pourquoâââââ ?
DieuÂ
Son seul acte fut de disposer des lettres de sorte à créerÂ
Quelque chose de nouveau, Ã nommerÂ
À définir les contours de l’êtreÂ
À partir de rien ni de personneÂ
Il chanta alors un poème harmonieuxÂ
Qui mit de l’harmonie dans ses sens à vif
D’un vers il créa la maison d’Adam et de Douleur
Et cria poèmes sur poèmes avec plus d’ardeur.
*
Un autre
Les yeux vides d’espoirÂ
La crainte plein le regardÂ
Au vieux devin qui parle prémonitoireÂ
Elle mande : « La mort dans combien d’années ? »Â
Sous le voile nuit noireÂ
Humeur indécise proie du cafardÂ
Pied tremblant terre prête à choirÂ
Elle vacille, vertige, mausolée, azalées…Â
Le chapelet en main grains éparsÂ
Se carre aux carreaux que des barreaux lui barrentÂ
« On n’est que ce qu’on naît, tuée (ce formulaire
Récite-le en murmure, c’est un secret !) (…) »
Poèmes extraits de Zabouré Zane : Femmes postmodernes d’Iran en 150 poèmes (1963-2013) d’Iraj Valipour, Atelier de l’agneau, 2014,240 p.