Par Frida Bagdadi Debbané
2017 - 09
Frida Bagdadi Debbané est journaliste, poète et artiste collagiste. Auteure d’une quinzaine de livres pour enfants, elle a été secrétaire de rédaction de Femme Magazine dont elle est actuellement responsable des pages culturelles. Rédactrice dans Les Copains puis Junior, suppléments de L’Orient-Le Jour, elle a collaboré à la page culturelle du même quotidien et participé au lancement de L’Agenda culturel. En 2016, son exposition « Boîtes poétiques » à la galerie Aida Cherfan a rencontré un grand succès auprès du public. Frida Bagdadi Debbané publie bientôt un nouvel ouvrage intitulé Mises en scènes.
Vent
Il y avait du vent sur le passage des fleurs
J’en cueillais le parfum
Un pétale m’enveloppa, et
Je sentis la terre se déplacer
Mais vers où ?
Qu’importe, puisque tous les exils,
Portent le même prénom…
Il y avait du vent pour ramener les sources,
L’homme paisible qui péchait, releva sa canne
Rien de visible, tout était bleu
Seuls ceux qui ont le pressentiment
Des grands naufrages, connaissent
Les lieux secrets où vivent les poissons.
Ils en ont même vu qui s’envolaient
Éternels rêveurs.
Dormez le plus loin en vous-même
Et n’ouvrez jamais
Les grands ouvrages de la destinée
Ils sont écrits avec le sable bleu des rivages.
Ils expliquent que la mer
Est la seule voie visible
Qui garde secret le mystère de l’horizon.
Encre-âge
L’âge n’était pour rien
Dans la transformation du sang en encre noir
L’odeur du café tout aussi noir
Brûlait les extrémités nouées par la douleur.
Il faisait si mal si douloureux
Qu’il n’aurait servi à rien
De détourner le cours des veines
Celles-ci m’appartenaient
Et leur transparence brulait la peau devenue rouge.
Elle n’avait plus peur des couleurs qu’elle échangeait souvent
Pour une marche secrète dans les nuages
Le soleil dépliait ses rayons en éventail
Pour ramener vers moi un vent froid.
Je me sentais une autre
Juste un moment
Celui-là qui s’écoule en source
Et ouvre un passage étroit
Mais combien serein et divin
D’un bref moment d’oubli.
Poèmes inédits