Par Sabah Zouein
2019 - 10
Née en 1955 et décédée en 2014, Sabah Kharrat Zouein est une poète libanaise dont l’œuvre innovante s’articule autour de la langue, le temps et l’espace. Si ses premiers recueils de poésie sont écrits en français, les suivants seront tous écrits en arabe. Elle est également l’auteure de quatre anthologies sur la poésie libanaise contemporaine. Traductrice polyglotte, critique de littérature et de cinéma, sociologue et globetrotteuse, elle a travaillé comme journaliste pour la presse libanaise et internationale tels que an-Nahar, al-Hayat, Banipal, Kalimat et al-Hucema. La place originale de son œuvre dans la poésie arabe contemporaine est saluée dans le monde entier.
Quant à la mort
*
Quant à la mort, elle ne vient pas.
Cette mort telle notre fin
Fuyant au-devant de nous.
Au lieu de quoi il nous fallait tourner,
Entre deux époques,
Tourner autour de notre fin.
*
Et j’ai passé ma main hier
Sur la couleur du ciel,
Du moins comme si je n’étais jamais passée
Par tous ces moments,
Comme si je m’effaçais
De trop être.Â
*
Puis mon corps s’est déchiré
Entre son utérus et l’utérus des montagnes,
Ou s’est émietté le corps sec
Entre les figures de la prononciation et de ses noms,
Seulement le sens n’est pas arrivé,
Alors j’ai collé mon visage contre la fenêtre,
Et j’ai vu le temps tomber précipitamment
Du ciel.
*
Seulement ma lettre est tombée et tomba mon prénom
De l’autre côté
Et comment capturer le sens,
Comment mon lieu et le temps dégringole
Vers le fond.Â
*
Par cette fenêtre
Ouverte sur le néant
L’arbre m’attendait
Et je ne suis pas venue.
Traduit de l’arabe par Ritta BaddouraÂ