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Roman
La passion du Diable


Par Wadih AUDI
2007 - 07


Jean-Christophe Grangé est rapidement devenu un véritable phénomène éditorial. Il a vendu quatre millions de romans dans le monde. Il a travaillé pour une agence de presse, puis comme reporter free-lance pour Paris-Match, le Sunday Times ou le National Geographic, ce qui lui a permis de voyager pendant cinq ans aux quatre coins du monde et d'obtenir en 1991 et 1992, les prestigieux Prix Reuters et Prix World Press. Cette expérience a été pour lui une source essentielle d’inspiration. Dès 1994, avec Le Vol des cigognes, il a réussi à se hisser aux premières places des palmarès de meilleures ventes. Avec Le Serment des Limbes, son sixième roman, il n’a pas failli à la règle.

Tout commence par la tentative de suicide ratée d’un flic, Luc Soubeyras, qui se trouve dans un coma profond. Son meilleur ami, Matthieu Durey, commandant à la Brigade criminelle, le connaît depuis l’âge de quatorze ans alors qu’ils étaient tous deux pensionnaires d’un collège dirigé par les pères jésuites. Malgré leur statut social différent, ils portent chacun un prénom d’apôtre et partagent la même ferveur religieuse. Comme Matthieu Durey est convaincu que Luc, fervent catholique, ne pouvait logiquement vouloir mettre fin à ses jours, il décide de mener son enquête pour découvrir ce qui aurait pu le mener à cette extrémité. En se remémorant leurs retrouvailles à l’Institut catholique de Paris quelques années après le bac, Matthieu se souvient de l’un des traits les plus étranges de son ami : sa passion pour le Diable. Deux ans plus tard, Matthieu, qui a intégré le séminaire pontifical français à Rome, rencontre une nouvelle fois Luc, par hasard, à une messe de Noël à Notre Dame de Paris. Luc affirme avoir vu le Diable de ses yeux, « le mal à l’état pur, une force libérée à l’intérieur des hommes », non pas au Soudan où il se trouvait, mais à Vukovar, en Yougoslavie, où il avait pris les armes. Cette révélation l’avait poussé à revenir en France et à s’inscrire à l’École des officiers de police afin de devenir flic. Cette dernière rencontre avait tellement ébranlé Matthieu qu’un an plus tard, il avait rendu sa soutane, convaincu qu’il n’était pas fait pour devenir curé de campagne, ni pour gravir les échelons de la Curie romaine. À son tour, il s’était engagé dans une association humanitaire belge et s’était rendu au Rwanda un an avant le génocide. Il y avait passé quelques années infernales qui l’avaient poussé à abandonner la théologie et à devenir à son tour officier de police. Voilà donc deux destins jusque-là parallèles. Mais pour comprendre la raison du suicide de Luc, Matthieu se doit de faire absolument la lumière sur sa décision, fouiller ses dossiers et ses affaires. Ainsi, il découvre un voyage à Besançon, une photo du père de Luc, spéléologue mort au fond d’un gouffre au cours de son enfance, d’étranges dossiers répertoriant les plus sinistres exploits humains, mais ce n’est qu’en essayant de comprendre les raisons du meurtre d’un brasseur et la découverte du cadavre couvert de moisissures et largement décomposé de Sylvie Simonis, qu’il trouvera la voie qui l’aidera à tout comprendre.

En lisant Le Serment des Limbes, l’on constate qu’à force de tendre vers le bien, Luc et Matthieu ont fini par croiser le mal absolu, bien que par des chemins différents. On croyait l’horreur derrière nous, or elle est omniprésente et il suffit de lire les journaux pour s’en convaincre. Grangé s'était déjà intéressé à ces sujets dans ses précédents romans, mais pas avec la force qu’il déploie ici. Au point qu’on peut dire que le héros de ce roman serait le Diable lui-même qui a inspiré tant de personnages et de situations, dont une forme originale d’« expérience de mort imminente » (connue en anglais sous le nom de NDE, Near Death Experience), originale car négative, au cours de laquelle les rescapés, ces « miraculés du Diable », appelés les Sans-Lumière, pensent l’avoir rencontré en personne. Ce roman de plus de 650 pages vogue entre le rationnel et le fantastique et apparaît, en définitive, comme une terrifiante remontée vers le Diable...

 
 
 
BIBLIOGRAPHIE
Le serment des limbes de Jean-Christophe Grangé, Albin Michel, 2007, 652 p.
 
2020-04 / NUMÉRO 166