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2020-04 / NUMÉRO 166   RÉAGISSEZ / ÉCRIVEZ-NOUS
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Poésie

Le dernier recueil de Fady Noun préfacé par Michel Cassir s’inscrit dans la veine spirituelle qui lui est chère. Un souffle plus léger drape pourtant Dans la nuit de diamant, même si son regard ne se détourne jamais des douleurs intimes ou collectives.

Par Ritta Baddoura
2015 - 03
L’attention spirituelle est présente dans Dans la nuit de diamant. Comme la lumière lointaine et cependant insistante d’un astre baigne l’obscurité?: «?À Celui qui m’attire, ébloui, vers son brasier, pot de terre contre pot de fer?», écrit Fady Noun. Sa manière de dire sa foi, de la travailler dans le ressenti et l’écriture, et de parcourir drapé par sa vibration tant de paysages habités ou désirés, manqués ou trop vite vécus?; tout cela fait que son recueil respire.

«?Vol de nuit. Les feux d’un long courrier clignotent dans le ciel de septembre./ Dans la nuit étoilée comme un emblème du monde,/ Les continents échangent leurs rêves./ L’Asie rêve de l’Europe et l’Europe de l’Asie./ Et moi, debout sur ces dalles d’un autre âge,/ Au tintement d’un maillet depuis longtemps rangé/ J’entends s’éloigner ces destins dans la nuit,/ Serrés les uns contre les autres,/ Comme des nouveau-nés dans une pouponnière./ Ce n’est qu’en se révélant que Dieu nous prive de nos mystères./ Il nous les restitue ensuite, aussi obscurs qu’ils l’étaient,/ Quand nos amis s’effaçaient, comme des avions dans la nuit,/ Et qu’il nous séparait de nous-mêmes (…).?»

Un recueil, par définition, réunit des écrits différents. Dans ce sens, Dans la nuit de diamant est sans doute un recueil, mais le choix de l’ordre des poèmes contribue par moments à relâcher une tension qui autrement aurait pu être plus dense. D’un autre point de vue, habité par la volonté d’exprimer l’inconnu du mystère, Fady Noun en effleure parfois la flamme mais tend à expliciter la métaphore là où son poème a déjà ému. Cependant, au fil des pages, certains vers se révèlent, diluant les rencontres quelquefois moins étonnantes de la succession des rimes.

«?Onirique. Il y a entre nous de longues heures de patience, dit-elle, à travers la rose./ L’hiver, cette année-là, avait été doux,/ Outside les grandes choses./ Elle lui sourit doucement et lui rendit sa chemise./ Il enferma ses sentiments à double tour./ Dehors, il faisait déjà jour (…).?»
Comme une réconciliation avec la jeunesse, avec la fantaisie, éclot dans ce dernier recueil pourtant traversé d’automne et de nuit. Une légèreté agréable, un humour parfois acide, qui ne trahissent en rien le style de Fady Noun. La douceur de son ton, l’espérance dans le désespoir, et la conscience des maux qui déchirent les êtres et le monde demeurent. La texture spirituelle se simplifie tout en s’affirmant autrement, rejointe par des dimensions qui viennent ouvrir son univers. Il y a dans Dans la nuit de diamant plus de dévoilement de l’imaginaire de l’auteur que de coutume?: de Bob Dylan à Bob Morane, de la mélancolie des rues parisiennes au joug de l’atmosphère beyrouthine, des souvenirs d’enfance au témoignage face à l’actualité sanglante, Fady Noun partage visions et émotions sans se défaire de la gravité loyale et bienveillante de sa plume.

 
 
D.R.
 
BIBLIOGRAPHIE
Dans la nuit de diamant de Fady Noun, L’Harmattan, 2015, 102 p.
 
2020-04 / NUMÉRO 166