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2020-04 / NUMÉRO 166   RÉAGISSEZ / ÉCRIVEZ-NOUS
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Poésie
À Zingobi, les ombres sont verticales


Par Antoine Boulad
2007 - 10



Sur le point de pénétrer dans la « forêt opiniâtre » et luxuriante du dernier recueil de Hoda Adib, Zingobi, le lecteur qui désire s’y aventurer suivra les ombres qui l’attendent dans chacun des quatre-vingt-quatre poèmes qui la hantent.

« Amphibiennes », « hermaphrodites », « surnaturelles », ces ombres qui se « lèchent comme un chien repu » le mèneront à sa mémoire, à son passé « subjugué d’ombres ».

C’est dans le silence de la nuit, dans « l’immensité du silence qui déshabille l’être », « à l’heure de la lévitation des arbres », que ce voyage prendra corps. À la frontière du jour, les spectres des absents remontent à la surface de la mémoire. « Au dortoir de cette forêt », les arbres qui sont d’une sorte hirsute bourdonnent d’ombres menaçantes, déconcertantes, que l’écriture obsédante de Hoda Adib restitue.

Comme « l’ombre tue le corps », sa poésie sans complaisance aucune hurle les mots qu’elle laisse s’entrechoquer au risque de se fracasser. Elle s’écrie plutôt qu’elle n’écrit.

Écriture véhémente
Elle dont le « corps navigue sans cordage », Hoda Adib donne libre  cours à ses « ombres incorporelles » « pour n’être plus ici », s’étant aménagée un « refuge microscopique » au creux d’elle-même. La voici qui « bêche l’inassouvi » en elle. Entre ici et là-bas, dans « les clameurs palpables de la nuit », « la mémoire s’ébroue ».

D’ailleurs, ses mots finissent par s’effriter. Et de fil en aiguille, ils « abandonnent son canevas ». C’est le moment qu’elle choisit pour « donner la main à l’ombre », à deux doigts de la folie !

Entre ici et ailleurs, ce qui protège le poète, ce qui la sauve, c’est qu’à Zingobi, pays des ombres et des ténèbres, « le début et la fin font le même chemin ».

 
 
 
BIBLIOGRAPHIE
Zingobi de Hoda Adib, L’Harmattan, 2007, 96 p.
 
2020-04 / NUMÉRO 166