Directeur des Cahiers de l’Orient, Antoine Sfeir est l’auteur de plusieurs ouvrages remarqués dont, tout récemment, Américains-Arabes : l’affrontement. Son dernier livre, un essai dont le titre reprend la première partie de la fameuse formule du général de Gaulle : « Vers l’Orient compliqué, je volais avec des idées simples », insiste sur le rôle joué par Israël dans la politique américaine au Moyen-Orient et expose l’enchevêtrement des différents éléments constitutifs de la politique extérieure des États-Unis. Tout en dépassant les slogans américains simplistes – à savoir  l’expansion de la démocratie face aux dictatures, la modération face à l’extrémisme, le bien contre le mal –, Antoine Sfeir nous propose une analyse complexe qui aborde les différentes facettes de la stratégie américaine dans la région. Il commence par présenter les étapes de la colonisation au Moyen-Orient et observe un passage progressif de la ruse calculée de Lawrence d’Arabie vers l’exhibitionnisme spectaculaire du militarisme américain. Puis il analyse en profondeur les rapports entre les États-Unis et l’Arabie saoudite, basés surtout sur l’intérêt pétrolier, et s’attarde sur les relations politico-religieuses nouées entre les Américains et Israël. À ses yeux,  l’occupation de l’Irak fait partie d’un plan qui concerne toute la région et qui vise notamment à « abaisser une à une toutes les barrières à la tranquillité absolue de l’État hébreu dans ses relations de voisinage » en morcelant les États qui lui sont hostiles – ou qui risqueraient de l’être. Ainsi entouré d’États « croupions », fragiles et désunis, Israël espère être apaisé. Or, sa tranquillité ne saurait résulter de l’élimination de toutes les menaces extérieures. Seule une paix équitable dans la région est capable de résoudre, une fois pour toutes, les problèmes de cet Orient décidément bien compliqué !