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2020-04 / NUMÉRO 166   RÉAGISSEZ / ÉCRIVEZ-NOUS
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Essai

Chaque quatre secondes, une personne meurt de faim, de dénutrition, ou de maladies liées à la pauvreté.

Par Lamia el-Saad
2016 - 11
Pour beaucoup, il suffit d’apaiser sa mauvaise conscience par une aumône. «?Mais d’autres, plus entiers, plus absolus, plus vulnérables en leur âme peut-être, ne peuvent pas vivre avec cette épine dans leur conscience… Leur bonheur est incompatible avec le malheur des autres.?» De François d’Assise au pape François, en passant par Coluche, une véritable «?chaîne de fraternité?» s’est instaurée.

Dans leur première collaboration, Les Insurgés de la pauvreté, André Bonet et Michel Bolasell, respectivement président et vice-président du Centre méditerranéen de littérature, brossent des portraits criants de vérité et d’une force inouïe d’hommes et de femmes, connus ou méconnus, qui ont fait de la lutte contre la pauvreté le combat de toute une vie.

Issus des cinq continents, ils ont réussi à «?enserrer le monde dans un réseau de charité?». Destins exceptionnels de courage et d’altruisme, à méditer pour reprendre espoir. Car, comme l’écrit Jean-Christophe Rufin en préface à cet ouvrage?: «?Il reste encore beaucoup à inventer, à tenter, à partager.?»

Parmi les laïcs, citons Estelle Satabin, morte d’épuisement à 46 ans en soignant les malades du Gabon?; Madeleine Delbrël, la «?mystique laïque?» du milieu ouvrier?; Gregorio Hernandez, «?médecin des plus pauvres?» surnommé Santo de los pobres par les Vénézuéliens. Parmi les religieux, citons Benoît Labre, pèlerin mendiant?; Antoine Chevrier dont la spiritualité centrée sur la pauvreté s’est développée dans plus de 50 pays?; Joseph Wresinski qui créa l’association ATD (Aide à toute détresse)?; le frère Jacques bien connu des Libanais?; Pedro Pablo Opeka qui privilégia l’éducation des jeunes de Madagascar?; Sœur Emmanuelle parmi les chiffonniers du Caire?; Mère Theresa, mère des intouchables de Calcutta?; Matthieu Dauchez dont la vocation consista à «?sortir un par un?» les enfants de Manille de l’horreur. D’autres, tels que Bill Gates et Mark Zuckerberg, sont des milliardaires philanthropes qui font don de fortunes incommensurables.
Sans s’être nécessairement rencontrés, ils se sont influencés. Ainsi, Julien Lauprêtre, président du Secours populaire, surnommé l’Abbé Pierre laïc?; Frédéric Ozanam, créateur de la Société de Saint-Vincent-de-Paul?; Muhammad Yunus qui fonda au Bangladesh une banque de microcrédits et Maria Nowak qui fut une «?infatigable ambassadrice du microcrédit?». Mais celui qui inspira la plupart d’entre eux demeure François d’Assise?: le Poverello.

La maladie fut le lot de quelques-uns (parmi lesquels Jeanne Jugan) et la menace des armes celui des autres. Un passé de résistant pour l’Abbé Pierre. Une dictature répressive au Brésil où «?l’Église était un refuge?»?; évêque de Recife et apôtre de la non-violence, Dom Helder Camara «?fit trembler généraux et dictateurs?».

Aller à la rencontre des pauvres, c’est aller à la rencontre des exclus?: des «?infréquentables?» du dominicain Pedro Meca, des «?blousons noirs?» du père Patrick Giros, mais aussi des drogués de Buenos Aires où des gangs organisés font régner une «?extrême violence?». C’est dans ces bidonvilles que quatre prêtres (Carlos Olivero, José Maria di Paola, Gustavo Carrara et Carlos Mugica) fondèrent le Hogar de Cristo (foyer du Christ), seul centre de désintoxication efficace. Assassiné, Mugica paya son engagement de sa propre vie.

Autrefois archevêque de Buenos Aires, Jorge Bergoglio avait été pour eux «?un bouclier de protection?». «?Pape des pauvres?», celui qui prit le nom du Saint d’Assise pourrait être «?le catalyseur de la lutte contre cette insidieuse lèpre?».


 BIBLIOGRAPHIE
 
Les Insurgés de la pauvreté d’André Bonet et Michel Bolasell, éditions Philippe Rey, 2016, 288 p.
 

André Bonet et Michel Bolasell au Salon
Rencontre autour des Insurgés de la pauvreté le 6 novembre à 17h (salle RDC)/ Signature à 18h (Orientale)

 
 
D.R.
 
2020-04 / NUMÉRO 166