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Essai
Vivement après-demain !


Par Samir Frangié
2016 - 12
Dans son dernier ouvrage, Vivement après-demain ! 15 ans pour sortir de l’impasse, Jacques Attali analyse les moyens d’éviter que la rage et la colère qui marquent aujourd’hui notre monde ne se transforment en violence planétaire et ne conduisent à la fin de l’humanité ou à son retour à l’âge barbare.

Économiste de formation, l’auteur qui a été le conseiller de François Mitterrand, a publié plus de 65 ouvrages et est aujourd’hui éditorialiste à l’hebdomadaire L’Express.

L’ambition de ce livre, écrit-il, est de « donner à chacun les moyens de connaître les promesses et les menaces du monde, d’en mesurer les chances et les risques et de rejoindre le port de son choix ».
Notre monde s’achemine, selon lui, vers le chaos parce que nous avons laissé se mettre en place une globalisation des marchés et une société régie par l’argent, dominée par l’égoïsme et la cupidité qui s’opposent à une globalisation des règles de droit qui aurait permis d’assurer sécurité et liberté pour chacun et pour tous.

Attali commence par dresser un tableau détaillé des « atouts du monde présent ». Il fait état d’une croissance continue du niveau de vie, d’une élévation du niveau de vie, d’une réduction de l’extrême pauvreté, d’un accès généralisé aux nouveaux moyens de communication, du renforcement de la démocratie, de la prise de conscience des enjeux écologiques, du recul de la violence.

Il expose par la suite les éléments qui rendent notre avenir fragile et dangereux. Parmi ces éléments, les menaces qui pèsent sur l’environnement avec la dégradation de près de 33% des terres mondiales, la hausse de la température moyenne au niveau mondial, l’élévation du niveau des mers, la raréfaction de l’eau.
D’autres éléments porteurs de dangers, sont aussi recensés : le ralentissement de la croissance économique, la concentration accrue des richesses, le recul de la classe moyenne, le développement du protectionnisme, la faiblesse accrue des institutions internationales.

À la lecture de ce qui précède, Attali estime que l’espérance d’une mondialisation heureuse n’est plus crédible si nous restons dans un monde sans état de droit global, et dominé par l’idéologie de l’argent et l’égoïsme. « Si nous n’agissons pas très rapidement, dit-il, pour réorienter nos esprits et le cours de l’histoire, pour donner toute sa place à l’altruisme, nous n’irons pas vers un monde plus harmonieux, mais au contraire vers un cumul de crises de plus en plus paroxystiques. »

Dans ce monde de moins en moins contrôlable, rien n’empêchera la violence de croître, en particulier la violence des États. Quand on fait, note l’auteur, le point des armements annoncés pour 2030, on ne peut qu’être terrifié par la croissance inouïe des moyens de mort qui seront déployés. Les crises qui pourraient servir de déclencheur à cette violence « légale » sont déjà là : en mer de Chine, entre l’Inde et le Pakistan, entre les deux Corée, dans l’ancienne Union soviétique, au Moyen-Orient…

Le monde peut-il éviter de dériver vers le pire, s’interroge Attali ? Oui, si nous prenons conscience que « le bonheur de l’autre est plus utile que son chagrin », que la coopération vaut mieux que la compétition et qu’il est temps de substituer à l’individualisme, l’avidité et la convoitise une éthique de l’altruisme, de l’empathie et de l’élégance.

Il conclut son ouvrage en proposant « un chemin mental précis et logique » comportant dix étapes.

La réflexion qu’il suggère est nouvelle et ne se retrouvera certainement pas dans les programmes des hommes politiques, « tous rivés à un mode de pensée hérité du XIXe siècle ».

 
 
© Eva Sakellarides / PHOTOSENSO
Attali estime que l’espérance d’une mondialisation heureuse n’est plus crédible
 
BIBLIOGRAPHIE
 
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