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Essai
Joseph Moukarzel?: Beyrouth entre architecture et communication


Par Alexandre Najjar
2016 - 12
Docteur en sciences de l’information et de la communication, doyen de la faculté d’Infocom à l’université Antonine, Joseph Moukarzel est architecte, membre du comité de rédaction de la revue Hermès et, tradition oblige, le rédacteur en chef du journal satirique Ad-Dabbour, fondé par sa famille. Il vient de publier un essai édifiant intitulé Architecture et communication où il met à contribution ses vastes connaissances dans les deux domaines en question. À travers un texte limpide, enrichi de photos et d’extraits destinés à étayer sa démonstration, l’auteur tente d’expliciter la problématique de l’architecture communicante, devenue un médiateur culturel et politique, voire civilisationnel, et part de l’exemple de Beyrouth, ville témoignage, «?ville en surimpression?», écartelée entre le déni de mémoire et le refus de contemporanéité. «?L’architecture n’est pas un objet inanimé, écrit-il, elle vit, communique, mute et s’adapte à son temps, quelles que soient son image et son identité originelle. C’est un “organisme autonome” qui marque le lieu et le temps qu’il traverse, communique des idées et des images, évoque des récits, et se dote de missions nouvelles en fonction des besoins de la société avec laquelle il évolue… Presque toujours en avance sur son temps lors de sa construction, elle invoque le futur?; et se transforme souvent en source d’inspiration avec l’âge, elle évoque le passé.?» Dans un premier temps, il s’interroge sur les rapports de «?complémentarité naturelle?» ou de conflictualité entre communication et architecture, avant de réfléchir, dans un deuxième temps, sur la notion de présence de (et par) l’architecture qui dépend intrinsèquement du facteur communication. Quant à la troisième partie, elle aborde le conflit opposant les conservateurs qui s’accrochent à une architecture refuge tournée vers le passé et les globalistes qui refusent toute contrainte matérielle. Dans le cas de la reconstruction de Beyrouth, on assiste précisément au dilemme d’une architecture qui s’éloigne de son rôle de témoin du temps, de l’histoire et de la mémoire, pour s’inscrire dans le contexte de la communication mondialisée qui réfute les valeurs identitaires «?restrictives?». La rapacité des entrepreneurs, le manque de moyens d’un État incapable de classer et d’exproprier les demeures historiques, l’urbanisme anarchique et la corruption des pouvoirs publics expliquent sans doute le manque de cohérence de l’architecture de la capitale libanaise qui «?se débat dans un conflit existentialiste entre hier et aujourd’hui?»…

 
 
© Björn Zimprich
 
BIBLIOGRAPHIE
Architecture et Communication de Joseph Moukarzel, Presses des Mines/Transvalor, 2016, 226 p.
 
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