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2020-04 / NUMÉRO 166   RÉAGISSEZ / ÉCRIVEZ-NOUS
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Editorial
Leçons et élections


Par Alexandre NAJJAR
2009 - 05
Le 1er mai à la télévision, le procureur de la République de l’ancien régime a rappelé le principe de la présomption d’innocence pour s’insurger contre la détention prolongée des quatre généraux. On croit rêver ! Ce principe, le procureur lui-même l’a complètement ignoré à l’occasion de plusieurs affaires dont il avait autrefois la charge et qui se sont finalement soldées par un non-lieu retentissant en dépit de l’arrestation de citoyens innocents… Pire : on voit les quatre généraux gesticuler, prôner le respect de l’État de droit et fustiger les atteintes aux libertés, alors que la plupart d’entre eux ont longtemps symbolisé le diktat syrien et foulé aux pieds la dignité de centaines d’étudiants tabassés ou incarcérés par les forces de l’ordre. Certes, toute privation de liberté est abusive si elle est injustifiée, mais que les suspects aujourd’hui libérés aient au moins la pudeur de ne pas s’ériger en donneurs de leçons !
Quant aux élections, elles nous inspirent trois sentiments : un sentiment de regret face à l’attitude inexplicable du 14 Mars vis-à-vis de Nassib Lahoud, Misbah el-Ahdab et Samir Frangié. En écartant ces trois figures militantes, les décideurs du 14 Mars se fourrent le doigt dans l’œil. Un sentiment d’écœurement face au niveau lamentable de la campagne publicitaire dans les deux camps : le « Sois belle et vote », par exemple, est une insulte à la femme, considérée comme une potiche qui vote sans réfléchir. Un sentiment de révolte, enfin, face aux infractions qui entachent déjà le scrutin : comment parler d’élections « libres » en l’absence de Conseil constitutionnel et, surtout, à l’ombre des armes du Hezbollah qui constituent une atteinte flagrante au principe constitutionnel d’égalité des candidats ? Entre un scrutin tronqué ou « sauvage » et le report des élections, notre ministre de l’Intérieur ne devrait pas hésiter : tant que ces deux problèmes n'auront pas été résolus, la démocratie exige le report immédiat.
 
 
D.R.
 
2020-04 / NUMÉRO 166