Editorial
Chronique d’une mascarade annoncée
Par Alexandre Najjar
2014 - 05
On prend les
mêmes et on recommence ! Dans un pays démocratique qui se respecte, l’échéance
présidentielle est sacrée, elle assure alternance et stabilité. Sauf chez nous,
en mafiature, où l’on prend son temps, où l’on attend les instructions du
« patron » extérieur, où l’on « observe » les développements dans la région,
voire en Ukraine, avant de se prononcer. Or le pays sombre lentement mais
sûrement. La crise paralyse la vie économique ; la justice est en perdition ;
les promesses non tenues et le chaos législatif, qui s’est matérialisé par le
vote anarchique, après des années de farniente, de lois essentielles, sans
concertation avec les instances concernées, notamment le Conseil économique et
social, délibérément paralysé par ceux qu’il gêne, provoquent un mécontentement
populaire qui risque d’enfler dans les semaines à venir. Nos dirigeants sont
hélas les champions du statu quo, les spécialistes de l’attentisme, les
recordmen des magouilles, les rois de l’amnésie. La plupart d’entre eux sont
d’ailleurs des résidus de la guerre, des miliciens en costard, qui, quinze ans
durant, ont sapé l’État qu’ils prétendent reconstruire aujourd’hui. Et le
peuple dans tout ça ? Le peuple ! Il se plaint, se lamente, insulte la classe
dirigeante, mais quand vient l’heure des élections législatives, il ne
sanctionne pas : il oublie tout ; il vote de nouveau pour ceux-là mêmes qui ont
trahi sa confiance, qui ont prorogé de manière anticonstitutionnelle leur
mandat et qui ne sont pas fichus de se mettre d’accord pour placer à la tête du
Liban un président digne de ce nom. Alors… on prend les mêmes et on
recommence !
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