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2020-04 / NUMÉRO 166   RÉAGISSEZ / ÉCRIVEZ-NOUS
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Editorial
Morne plaine


Par Alexandre Najjar
2010 - 03
Le paysage littéraire français d’aujourd’hui ressemble à une « morne plaine ». Abstraction faite du Salon du livre de Paris, boycotté et décrié, on assiste ces derniers temps à une série d’« affaires » qui dénotent, hélas, le mal-être de la littérature française contemporaine. Certes, le phénomène n’est pas nouveau : depuis le départ de Camus, Sartre, Mauriac, Malraux, Aragon…, la littérature hexagonale, considérée comme un modèle, compte de moins en moins de penseurs et d’écrivains prestigieux, et des auteurs comme Le Clézio (très justement « nobélisé »), Modiano ou Tournier apparaissent comme les derniers des « Mohicans ». Mais ce qui aggrave actuellement la situation, c’est la légèreté avec laquelle de grands éditeurs parisiens publient n’importe quoi et le halo artificiel qui entoure certains écrivains médiatiques qui prennent leurs lecteurs pour des imbéciles. D’abord, l’affaire BHL. Dans une conférence prononcée à l’École normale supérieure de la rue d’Ulm et reprise dans un essai intitulé De la guerre en philosophie (Grasset), Bernard-Henri Lévy cite le plus sérieusement du monde un certain Jean-Baptiste Botul qui n’a jamais existé puisqu’il est le fruit de l’imagination de Frédéric Pagès, agrégé de philo et rédacteur au Canard enchaîné. Tout Paris en rit encore ! Ensuite, Yannick Haenel, accusé par Claude Lanzmann et plusieurs personnalités polonaises d’avoir falsifié l’histoire et d’avoir fait preuve d’« insouciance » et d’« ignorance » dans son roman Jan Karski publié chez… Gallimard. Enfin, Moix, l’inénarrable Yann Moix, qui consacre à l’affaire Polanski un tissu d’insanités intitulé La Meute (Grasset) où, non content de prétendre que le grand cinéaste n’est poursuivi par la justice que parce qu’il est juif (!), il insulte gratuitement la Suisse, son peuple et son histoire. Hugo, réveille-toi !
 
 
 
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