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2020-04 / NUMÉRO 166   RÉAGISSEZ / ÉCRIVEZ-NOUS
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Editorial
Massacre à la bétonneuse


Par Alexandre Najjar
2010 - 01
Nul ne peut être contre le progrès et nul ne saurait condamner la nécessaire évolution des villes pour s’adapter au confort. L’architecture moderne n’est pas synonyme de laideur et les tours ne sont pas nécessairement synonymes de sacrilège. Mais il y a des limites à tout. Ces limites s’appellent esthétique, patrimoine, respect de l’environnement. On a beaucoup palabré à propos de cette fameuse tour qui pousse entre le musée Sursock et la villa du même nom. Ne revenons pas sur les raisons qui ont incité les autorités libanaises à délivrer un permis de construire à pareil édifice dans un quartier soi-disant « protégé », considéré comme l’un des fleurons du vieux Beyrouth, ni sur les explications avancées par les défenseurs de ce projet. Constatons, tout simplement. Le résultat, visible depuis peu, est révoltant. Le musée Sursock a perdu toute sa splendeur et la villa contiguë donne l’impression d’être écrasée sous la masse qui la surplombe. Le quartier tout entier est défiguré, dominé par ce monstre… Que reste-t-il de notre capitale, enlaidie en moins d’un demi-siècle ? Jusqu’à quand devrons-nous assister avec impuissance aux atteintes portées ici et là à notre patrimoine ? Jusqu’à quand devrons-nous subir cette nouvelle invasion comme une fatalité ? Cette tour, bien entendu, n’est qu’un exemple parmi tant d’autres. Mais elle devrait réveiller nos dirigeants. Il est grand temps que notre Parlement et les ministères concernés se mobilisent pour s’attaquer sérieusement à ce phénomène destructeur, à cette pandémie du béton qui se propage aux quatre coins du Liban et ronge irrémédiablement nos paysages. Si la non-assistance à personne en danger est un délit, alors la non-assistance à patrimoine en danger n’est rien moins qu’un crime.

 
 
 
2020-04 / NUMÉRO 166