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2020-04 / NUMÉRO 166   RÉAGISSEZ / ÉCRIVEZ-NOUS
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Editorial
Versatile


Par Alexandre Najjar
2009 - 08
La formule de François Ier «?Souvent femme varie, bien fol qui s’y fie?» pourrait aisément s’appliquer à la politique de M. Walid Joumblatt, passé maître dans les retournements de veste – et de situation. L’homme, qu’on le veuille ou pas, est brillant, cultivé, capable de «?flairer?» les développements régionaux à venir pour se positionner en conséquence sur l’échiquier moyen-oriental. Mais ses multiples volte-face, qui expliquent la méfiance que nourrit à son égard une grande partie de l’électorat chrétien, semblaient avoir pour plafond l’intérêt supérieur du pays. C’est sans doute au nom de cet intérêt qu’il s’était rangé sous la bannière de ceux qui ont réclamé, et obtenu, le départ des troupes syriennes après trente ans d’occupation, devenant même l’un des chefs de file de la révolution du Cèdre avec son complice de toujours Marwan Hamadé, «?martyr vivant?» de cette phase cruciale de l’histoire du Liban. Comment expliquer ce revirement?? Quelles qu’en soient les raisons, M. Joumblatt devrait garder à l’esprit deux principes?: le premier est qu’il existe, même en politique, une éthique qui exige qu’on donne des explications à ses alliés et, surtout, à ses électeurs?; le second est que la révolution du Cèdre a été le fruit d’une lutte tenace à laquelle ont pris part des milliers de Libanais de tous bords et qui a coûté la vie à des dizaines de martyrs. Au lendemain de la Grande Guerre, un héros de Roland Dorgelès, dans Les Croix de bois, manifeste sa crainte qu’on ne «?sculpte des pipeaux dans le bois des croix » de ceux qui sont tombés sur le champ de bataille. C’est tout ce que nous demandons à M. Joumblatt?: qu’il ne sculpte pas de pipeaux dans le bois de nos croix.

 
 
 
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