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2020-04 / NUMÉRO 166   RÉAGISSEZ / ÉCRIVEZ-NOUS
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Editorial



Par Alexandre Najjar
2008 - 09
Au Liban, on ne nomme pas le cancer. On l’appelle « l’autre maladie » (haydak el-marad), à mi-voix, comme si l’on craignait de réveiller un monstre qui dort. Ce monstre vient d’emporter Randa Chahal qui, pendant plus de quatre ans, a lutté avec courage contre le mal qui la rongeait.
Randa aura toujours été une battante : comme cinéaste, elle se dépensait sans compter pour produire et réaliser des films qu’elle défendait ensuite avec passion contre les ciseaux de la censure, l’incompréhension des esprits étroits ou les préjugés politiques. Le Lion d’argent à Venise aura été un beau couronnement pour celle qui préférait le cinéma d’auteur aux productions populaires. Comme militante, elle se mobilisait sans cesse pour les causes qu’elle croyait justes. Comme femme, enfin, elle avait dû affronter des problèmes familiaux douloureux, et puis, cette maladie, le cancer, qui la talonnait sans relâche. « Aurai-je encore la force de m’accrocher ? » se demandait-elle dans une de ses lettres. Avec ténacité, elle s’était accrochée jusqu’au bout, mue par l’amour de ses enfants et sa passion pour le septième art.
Presque au même moment, le cœur d’un grand poète s’est arrêté de battre. Le départ de Mahmoud Darwich laisse un vide immense dans la littérature arabe. À Beyrouth, à Francfort, à Paris, il attirait des milliers d’auditeurs, fascinés par ses mots et par sa voix, prouvant ainsi aux sceptiques que la poésie est bien immortelle. N’en déplaise à l’innommable.

 
 
 
2020-04 / NUMÉRO 166