L’année 2007 s’achève dans la morosité. Au Liban, les attentats, le terrorisme politique exercé par l’opposition, la crise économique ont assombri le paysage. Les initiatives se multiplient pour nous sortir de l’impasse, mais elles sont fébriles et se heurtent à un double écueil : les ingérences syro-iraniennes dans nos affaires, le refus des mafias politiques d’élire un président fort qui risquerait de remettre en question leurs privilèges illicites. Et l’on se demande parfois qui tire vraiment les ficelles dans ce pays, tant nos politiciens apparaissent dépassés par les événements, « comme un sourd dans une noce » pour reprendre un proverbe local.
Sur le plan littéraire, le Salon du livre francophone a été reporté deux fois, le Salon arabe a enregistré une fréquentation timide – mais il a eu au moins le courage de se tenir envers et contre tout. Si nos éditeurs continuent à publier aussi bien en arabe qu’en français, ils pâtissent, de même que nos libraires, de la baisse du pouvoir d’achat du consommateur libanais.
L’année 2008 s’annonce agitée, avec un mouvement du 14 Mars acculé à élire coûte que coûte un nouveau président, une opposition ayant pour mot d’ordre de prolonger le blocage jusqu’aux élections de 2009 (!), des puissances amies qui commencent à se désintéresser de la cause libanaise en raison d’intérêts mercantiles ou stratégiques qu’elles jugent autrement plus importants, une économie en déconfiture, une corruption généralisée, un islamisme galopant, un tribunal international en marche… Pour accompagner les mois à venir, il faudra avoir les nerfs solides et, surtout, garder la foi – cette « sublime foi patriotique, démocratique et humaine » saluée par Victor Hugo.