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2020-04 / NUMÉRO 166   RÉAGISSEZ / ÉCRIVEZ-NOUS
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Editorial



Par Alexandre Najjar
2007 - 12
L’exposition de l’Institut du Monde Arabe consacrée aux Phéniciens est à la hauteur de nos espérances. Dans un espace admirablement aménagé, la civilisation phénicienne exhibe ses trésors et livre une partie de ses secrets. Certes, les Phéniciens ont laissé peu d’écrits, mais ce qu’on sait déjà d’eux nous laisse pantois. Inventeurs de l’alphabet, navigateurs habiles, artisans doués, agriculteurs avisés, ils ont civilisé le pourtour de la Méditerranée et, probablement, franchi les colonnes de Melqart – l’actuel détroit de Gibraltar – pour découvrir des terres inexplorées, peut-être même l’Amérique. En sortant de cette exposition, le Libanais éprouve fierté et honte. Fierté d’appartenir à une civilisation qui, en son temps, bouleversa le monde?; honte de constater que le Liban n’est plus que l’ombre de lui-même. Plongé dans une crise sans précédent, pris au piège des ingérences étrangères, il risque de perdre, dans les jours qui viennent, tous les acquis obtenus grâce à la Révolution du Cèdre. À quoi bon les sacrifices consentis, les défis relevés, à quoi bon tous ces martyrs s’il fallait, en définitive, se résigner, réhabiliter les acteurs de l’ancien régime, accepter comme un pis-aller le retour d’un militaire, aussi respectable soit-il, à la présidence de la République – comme si nous n’avions rien appris de l’expérience passée, comme si ignorions les exemples que nous offre l’histoire, de l’Amérique latine au Pakistan?? Une fois réglé le problème de la présidence, d’autres obstacles resteront à franchir?: le choix du Premier ministre, la composition du gouvernement, le droit de veto réclamé par l’opposition, puis la loi électorale et les législatives… La route est encore longue, la visibilité nulle. Navigation à vue. Où sont les Phéniciens??

 
 
 
2020-04 / NUMÉRO 166