Le Liban est le pays des paradoxes. Alors que les observateurs nous prédisent un été sanglant, alors que la perspective  d’un double gouvernement, synonyme de partition et de chaos, se confirme jour après jour, alors que la psychose des attentats hante en permanence la population et que les jeunes émigrent en masse,  voici que Beyrouth est proclamée par l’Unesco, « Capitale mondiale du livre pour 2009 » (World book capital city 2009) par un jury composé de représentants d’associations et de fédérations internationales d’éditeurs, de libraires et de bibliothécaires qui a tenu à souligner l’importance de notre capitale, comme lieu privilégié de « diversité culturelle, de dialogue et de tolérance ». Beyrouth assiégée, meurtrie, malmenée, se rebiffe : à la violence, à l’obscurantisme, à la bêtise de ses ennemis, elle répond par la culture ; aux armes, elle oppose le livre. On veut la détruire ? Rebelle et libre comme elle l’a toujours été, elle organisera en 2009, parallèlement aux Jeux de la francophonie,  une série de manifestations d’envergure ayant trait au livre et à la lecture ! Le titre que l’Unesco lui confère aujourd’hui est donc plus qu’une reconnaissance de son rôle culturel prééminent dans la région et dans le monde, un formidable pied de nez aux oiseaux de malheur.