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2020-04 / NUMÉRO 166   RÉAGISSEZ / ÉCRIVEZ-NOUS
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Editorial
Hémorragie


Par Alexandre Najjar
2007 - 05
Nous avons secoué cette planète immense / Nous avons labouré, jadis, les continents… » Ces vers de Charles Corm nous reviennent à l’esprit à l’heure où des milliers de Libanais plient bagage pour aller trouver du travail sous des cieux plus cléments. Le phénomène n’est certes pas nouveau (cf. notre article sur les auteurs « post-Libanais »), mais il reflète bien le malaise de nos compatriotes qui, face au chaos ambiant, cèdent au découragement. Le seul spectacle de cette vendetta qui a coûté la vie à un jeune homme de 25 ans et à son voisin de 12 ans suffit à dégoûter les plus optimistes – sachant, du reste, que nous n’avons pas le monopole de la barbarie : le psychopathe de l’Université de Virginie a encore reculé les frontières de l’horreur.
    Cette hémorragie ne peut être freinée que si la confiance revient. Or cette confiance dépend de facteurs internes – la reprise du dialogue, la réconciliation nationale, la renonciation aux armes – et externes – l’arrêt des ingérences étrangères – si inextricables qu’il est difficile d’envisager une issue prochaine à la crise. Pire : la perspective d’une partition du Liban à travers la création de deux gouvernements apparaît comme un nouveau saut dans l’inconnu.
    Ne nous leurrons pas : situé dans une zone de turbulences, mosaïque de 18 communautés qui privilégient l’obédience confessionnelle au détriment de l’appartenance nationale, le Liban est condamné à vivre dans l’instabilité. Il nous faut admettre cette situation avec un certain fatalisme, de même que les Californiens acceptent d’habiter dans une région exposée aux secousses sismiques, de même que les Siciliens ne rechignent pas à vivre au pied de l’Etna. Vivre au Liban suppose qu’on assume pleinement cette réalité sans pour autant s’abstenir de rêver. Un peu comme un malade qui apprivoise sa maladie sans perdre l’espoir de guérir un jour…

 
 
 
2020-04 / NUMÉRO 166