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2020-04 / NUMÉRO 166   RÉAGISSEZ / ÉCRIVEZ-NOUS
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Editorial
Les occasions manquées


Par Alexandre Najjar
2007 - 03
Le monde évolue et nous reculons. Un exemple criant est récemment venu illustrer ce constat : le ministère libanais de la Culture était en pourparlers avec la Foire internationale du livre de Francfort pour créer à Beyrouth le plus grand Salon du livre professionnel au Moyen-Orient. De l’aveu même des Allemands, le Liban, de par la liberté d’expression qui y règne, de par son ouverture et la qualité de ses éditeurs et imprimeurs, était le pays arabe le plus qualifié pour organiser cet événement. Mais voilà : les événements douloureux qui se sont succédé au Liban depuis 2005 n'ont plus permis la réalisation de ce projet. Les deux Salons du livre de Beyrouth (français et arabe) ont même été annulés en 2006 ! Conséquence : la foire de Francfort a préféré offrir ses services à Abou Dhabi, qui dispose de moyens financiers bien plus importants que les nôtres, et  a conclu un partenariat avec la foire du livre d’Abou Dhabi qui ambitionne de devenir « le centre de l'édition dans le monde arabe ». Tout en nous félicitant que les autorités d’Abou Dhabi – comme celles du Qatar – se lancent désormais dans des projets culturels d’envergure qui leur font honneur, comment ne pas éprouver une certaine amertume face à cette occasion manquée et au retard pris par le Liban dans tous les domaines ? On raconte que lorsque Neil Armstrong marcha sur la Lune, un grand poète libanais publia dans un quotidien arabophone ces lignes outrées : « Hier, un Américain a marché sur la Lune. C’est une honte : c’était le rôle du Liban ! » Le Liban, qui rêvait autrefois de marcher sur la Lune, en est aujourd’hui réduit à compter les points dans le combat que se livrent ses politiciens. « Étends tes jambes selon la longueur de ton tapis », recommande un dicton local. Or, nous n’avons plus de tapis. Et peut-être plus de jambes.
 
 
 
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