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2020-04 / NUMÉRO 166   RÉAGISSEZ / ÉCRIVEZ-NOUS
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Editorial
Migrants


Par Alexandre Najjar
2015 - 10
Il paraît qu’un Libanais d’origine syrienne a exhumé les papiers de ses ancêtres pour demander l’asile politique en Australie et qu’un autre Libanais de la Békaa a acheté un passeport syrien falsifié pour se faire passer pour un réfugié. Pendant ce temps, les passeurs se frottent les mains et imaginent toutes sortes de subterfuges pour transporter les migrants, après les avoir plumés, sans jamais se soucier de leur sécurité. En Turquie, les candidats au départ prennent des cours de natation pour augmenter leurs chances de survie en cas de naufrage... On croit rêver. Tant de misère chez les uns, d’opportunisme chez les autres et, au final, 2500 morts depuis le début de l’année, engloutis par les flots de la Méditerranée. En Europe, c’est la cacophonie : certains États se dotent d’une nouvelle ligne Maginot destinée à contrer les réfugiés ; d’autres s’érigent en apôtres de la charité au risque de se mettre à dos des populations inquiètes… Pendant ce temps, les puissances occidentales s’en vont en guerre en Syrie. Où étaient-elles jusque-là ? Pourquoi les Alliés ont-ils renoncé à imposer dès le départ une « no fly zone » qui aurait empêché la transformation de la révolution pacifique syrienne en guerre civile opposant l’armée du dictateur à des terroristes sans foi ni loi ? Pourquoi ont-ils fait marche arrière, il y a deux ans, quand Assad était aux abois et Daech encore contrôlable ? Pourquoi la Russie, qui avait opposé son veto à toute intervention étrangère en Syrie, admet-elle aujourd’hui l’aviation française ? Où était l’armada russe quand l’État islamique a commencé son expansion ? Et comment concilier le combat contre le régime syrien et la lutte contre Daech, sans affaiblir l’un au profit de l’autre ? Autant de questions qui démontrent le manque de cohérence de ces puissances et trahissent leurs contradictions… En attendant, la jeunesse libanaise, écœurée par la classe politique qui se remplit les poches, « dialogue » inutilement et tabasse les manifestants, dégoûtée par les amas d’ordures qui polluent leur pays, ne rêve plus que d’une chose : partir. Quel exemple, quel avenir lui donnons-nous ? Nos jeunes sont devenus des migrants en puissance. Et les députés qui bloquent l’élection d’un président susceptible de donner un peu d’espoir au peuple sont à l’image des passeurs : irresponsables et criminels.

 
 
 
2020-04 / NUMÉRO 166