FEUILLETER UN AUTRE NUMÉRO
Mois
Année

2020-04 / NUMÉRO 166   RÉAGISSEZ / ÉCRIVEZ-NOUS
CHERCHER SUR LE SITE
 
ILS / ELLES
 
LIVRES
 
IMAGES
 
Au fil des jours...
 
Editorial



Par Alexandre Najjar
2016 - 01
L’année 2015 aura été celle de la déconfiture de l’État libanais?: absence de président, parlement inopérant, gouvernement gelé. La Constitution a été foulée aux pieds, et les blocs des 8 et 14 mars ont montré l’ampleur de leurs dissensions et leur incapacité à mettre de côté leurs divergences pour défendre l’intérêt général. La crise des ordures a prouvé l’incurie de nos dirigeants et l’hégémonie de la «?mafiature?» qui nous gouverne. Quant à la révolution avortée, elle a reflété l’amateurisme de la société civile et le fossé qui sépare la population des partis, otages de leurs alliances locales ou régionales. L’opposition du Hezbollah à l’élection de Frangié démontre moins son attachement «?éthique?» au général Aoun que son refus de voir les institutions fonctionner normalement. Depuis des années, il a les coudées franches et ne rend des comptes ni au conseil des ministres ni au parlement dont il fait pourtant partie. Dans ces conditions, l’élection d’un président, soit-il du 8 mars, ne lui paraît pas souhaitable. Un État acéphale et paralysé est une aubaine pour lui. Pourquoi modifierait-il une situation qui lui convient parfaitement?? Soucieux de ne pas reconnaître sa volonté de blocage, il se retranche derrière le général Aoun et fait mine de soutenir sa candidature, tout en sachant que cette position conduira fatalement à l’impasse souhaitée. Quant aux appels relatifs à la nécessité d’un «?package deal?» comprenant, entre autres, la loi électorale, ils ne visent qu’à retarder l’échéance et à rendre l’équation encore plus insoluble. Du reste, un hypothétique consensus irano-saoudien autour de nos affaires internes est désormais à exclure à la lumière de la récente provocation saoudienne et de la riposte iranienne...  Le dindon de la farce est le peuple libanais qui assiste à cet «?Étatcide?» sans réagir. «?Une foi authentique se trouve rarement. À la place, on trouve le doute et l'indifférence, au point qu'on pourrait désespérer de notre peuple?», affirmait Bertolt Brecht. Pour sauver notre pays, il nous faut retrouver la «?foi authentique?» de ceux qui n’acceptent pas le fait accompli?!

 
 
 
2020-04 / NUMÉRO 166