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2020-04 / NUMÉRO 166   RÉAGISSEZ / ÉCRIVEZ-NOUS
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Editorial
Drapeau


Par Alexandre Najjar
2016 - 10
Dans mon Dictionnaire amoureux du Liban, je concluais mon entrée sur le «?Secret bancaire?» par la question?: «?Combien de temps encore la citadelle pourra-t-elle résister???» Or, les choses se précipitent à une rapidité telle que nos autorités ont hissé le drapeau blanc plus vite que prévu, puisqu’elles s’apprêtent à sceller l’adhésion du Liban à la Norme d’échange automatique d’informations fiscales (Common reporting standard ou CRS en anglais) de l’OCDE qui sonne le glas de la loi sur le secret bancaire, instituée en 1956 par le amid Raymond Eddé, qui a largement contribué à la prospérité de l’économie libanaise. Depuis quelques années, le secret bancaire, au Liban comme en Suisse, est dans le collimateur de plusieurs organisations internationales, comme le GAFI, l’OCDE ou le Forum mondial sur la transparence, et est voué aux gémonies par le G20 et, plus particulièrement, par l’Amérique qui s’érige en gendarme financier du monde tout en refusant d’adhérer elle-même à l’accord de l’OCDE afin de préserver les régimes de faveur dont bénéficient certains États américains comme le Delaware. Deux poids, deux mesures?? Assurément?! Toujours est-il que le Liban est dos au mur. Suivant les injonctions des autorités de régulation locales, les banques libanaises se conforment aux prescriptions et lois (comme celles de novembre 2015, votées par un Parlement qui n’avait pas autorité pour légiférer) qui, peu à peu, démolissent les derniers remparts de la citadelle. Certains observateurs s’en réjouissent, considérant que la transparence doit prévaloir. Mais ils oublient que le secret bancaire est avant tout un garde-fou politique qui a permis au Liban de survivre dans un environnement sauvage et qui protège encore le déposant libanais contre l’exploitation abusive de ses données bancaires et fiscales tant par les dirigeants ou partis au pouvoir, que par les autorités étrangères hostiles... Ce qui, dans cette histoire, est le plus regrettable, c’est l’empressement des «?responsables?» libanais à jeter le bébé avec l’eau du bain sans mesurer les conséquences de cette mise à mort imposée par l’étranger au mépris de notre souveraineté nationale. Du reste, avant de prendre une décision stratégique aussi grave, ne faut-il pas au moins – est-ce trop demander?? – restaurer l’État en élisant sans tarder un président de la République?? «?Quand les abus sont accueillis par la soumission, bientôt la puissance usurpatrice les érige en lois?», affirmait Malesherbes. Si, en vertu de l’article 52 de la Constitution, il incombe au président de négocier les traités et de les ratifier après l’accord du Parlement, où est donc la légitimité de ces «?usurpateurs?» qui sabordent un navire sans capitaine??
 
 
 
2020-04 / NUMÉRO 166