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2020-04 / NUMÉRO 166   RÉAGISSEZ / ÉCRIVEZ-NOUS
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Editorial
Quota


2017 - 07
Ma dernière discussion avec Samir Kassir, la veille de sa mort, a porté sur la question du quota réservé aux femmes aux élections législatives. Selon lui, quoique discutable, ce mécanisme avait au moins le mérite d’imposer, pendant une phase transitoire, la présence de la gent féminine sur les listes électorales concoctées par des partis machistes, et de la roder à l’exercice de la politique. Dix ans plus tard, alors que le gouvernement actuel se targue de compter en son sein un ministre pour les Affaires de la femme, le Parlement (qui ne compte que quatre femmes) a accouché d’une loi bancale où la question du quota est tout simplement écartée, comme si le classement du Liban au 180e rang (sur 184) dans la liste des pays accordant une place aux femmes au Parlement était une source de fierté nationale. Bien sûr, il y aura toujours des mécontents pour prétendre que la responsabilité de cette carence incombe aux femmes elles-mêmes qui devraient arracher ce droit par la force en se présentant spontanément aux élections, mais cette thèse occulte le fait que nous vivons dans une société patriarcale où la mentalité ne peut pas changer du jour au lendemain, une société à laquelle il faut dicter les règles du jeu pour qu’elle s’habitue à jouer selon les règles. L’exemple du gouvernement Macron ou celui de la plupart des pays scandinaves, où la parité est scrupuleusement respectée, de même que la loi française Copé-Zimmerman qui, à partir de 2017, a imposé la présence de 40% de femmes au moins au sein du conseil d’administration des grandes entreprises, auraient pourtant dû faire réfléchir nos braves députés, si excités à l’idée de proroger leur mandat pour la troisième fois consécutive, au mépris des principes constitutionnels les plus élémentaires, qu’ils n’ont pas trouvé le temps d’accorder à la moitié de notre société le droit de se mêler de politique. À moins que, conscients de leur échec cuisant depuis leur arrivée dans l’hémicycle, ils n’aient redouté de bousculer leurs habitudes de somnolence et de corruption en accueillant en masse au Parlement des femmes capables de révolutionner le système !
 
 
 
2020-04 / NUMÉRO 166