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2020-04 / NUMÉRO 166   RÉAGISSEZ / ÉCRIVEZ-NOUS
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Editorial
On prend les mêmes et on recommence !


Par Alexandre Najjar
2018 - 03
Les élections législatives de mai prochain n’augurent rien de bon et s’annoncent comme un nouveau blanc-seing octroyé aux députés actuels et à certains anciens sbires du régime syrien qui nous reviennent en prime pour persévérer dans la voie du marasme et de la corruption qui minent ce pays. Le tandem chiite, par exemple, a repris quasiment les mêmes têtes – qui avaient montré leurs limites par le passé – en pimentant ce plat réchauffé d’une unique candidate féminine et d’une figure délibérément provocatrice. Les autres communautés ne sont pas plus courageuses, avec une part très limitée accordée à la gent féminine et la présence d’inamovibles dinosaures à l’incompétence déjà testée. Quant à la société civile, elle nous offre un melting-pot tellement bigarré qu’il n’est pas sûr qu’elle puisse enregistrer des percées notoires…

L’enjeu de ces élections est pourtant crucial : veiller à ce que le Liban puisse préserver sa neutralité et la politique de distanciation qui l’a mis à l’abri des tempêtes qui ravagent le Moyen-Orient ; édifier enfin un État de droit ; mettre un frein au désastre écologique ; dynamiser une économie moribonde, malmenée par les dernières mesures fiscales ; assurer aux citoyens les services qu’ils sont en droit d’attendre dans un pays prétendument « civilisé » ; pomper enfin le pétrole, loin des convoitises et des magouilles habituelles, avant que cette source d’énergie ne devienne obsolète. Et le peuple, dans tout ça ? Tributaire de listes préfabriquées, incapable de faire du panachage parce que la nouvelle loi l’interdit, habitué aux autobus qui emmènent les électeurs en masse comme du bétail à l’abattoir, il reste stimulé par son instinct confessionnel, prisonnier d’un système de clientélisme, ouvert aux espèces sonnantes et trébuchantes susceptibles de donner plus de « valeur » à sa voix. Comment, dans ces conditions, espérer un changement ?

En mai prochain, hélas, tout porte à croire que le nouveau Parlement ne sera qu’une pâle copie de l’actuel, avec des femmes en moins et des voyous en plus. Il y a bien longtemps, un économiste étranger, qui avait planché sur la réforme de notre pays, avait conclu son diagnostic par un fataliste : « Que la Vierge de Harissa protège le Liban ! » Prions donc.

 
 
 
2020-04 / NUMÉRO 166