FEUILLETER UN AUTRE NUMÉRO
Mois
Année

2020-04 / NUMÉRO 166   RÉAGISSEZ / ÉCRIVEZ-NOUS
CHERCHER SUR LE SITE
 
ILS / ELLES
 
LIVRES
 
IMAGES
 
Au fil des jours...
 
Nouvelles
Edouard Launet : rire au cœur des ténèbres


Par Jabbour Douaihy
2006 - 10


L’intention est parodique et le résultat décapant. Ou comment s’esclaffer de rire à chaque page de cette anthologie d’un genre unique qui relate... la mort des autres. Tout est dans le style, bien entendu. Non point celui de l’auteur, ingénieur et journaliste à Libération, qui se veut, perversité oblige, simple interprète de la littérature médico-légale et autres dissertations en criminologie. L’ingéniosité des « suicides » d’abord : le « suicide by intracerebellar ballpoint pen » ou se tuer en s’enfonçant un stylo à bille dans l’œil jusqu’au cerveau (avec des variantes : recours au crayon ou aux baguettes de restaurant chinois), se tirer quatorze coups de carabine 22 long rifle dans la poitrine, se trucider à la perceuse, se couper la tête à la scie... manuelle, par intoxication au cuivre (comprenez que le personnage en question, un Américain, avait ingurgité 461 pièces de monnaie sans battre le record d’un Anglais qui avait gobé 700 pièces de 1 ou 2 pence), suicide assisté par la force publique (la personne aux abois agite un faux pistolet à la face d’une escouade de policiers...) ou, tout bêtement, se faire tuer par son chien de chasse qui a posé sa patte sur le fusil qui traînait, le chasseur se trouvant nécessairement dans la ligne de tir de son chien... Les centres d’intérêt des savants, ensuite : l’homme et les femmes suicidaires sautent-ils de la même hauteur ? Pourquoi 53 % des gens qui se sont jetés depuis le pont du Bosphore étaient arrivés sur les lieux en taxi ?

Bref, tout y est de cette entreprise planétaire quotidienne de l’autodestruction la plus singulière. L’auteur se défend dans son avant-propos de vouloir s’offrir « un brin de rigolade sur le dos de la science ou celui de quelques cadavres ». Il ne reste plus que le rire devant tant d’assiduité à se donner la mort et tant de conscience professionnelle à l’étudier.

 
 
 
BIBLIOGRAPHIE
Viande froide cornichons. Crimes et suicides à mourir de rire de Édouard Launet, Seuil, 2006, 172 p.
 
2020-04 / NUMÉRO 166