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2020-04 / NUMÉRO 166   RÉAGISSEZ / ÉCRIVEZ-NOUS
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Au fil des jours...
 
Le clin d'Å“il de Nada Nassar-Chaoul
C’est pas sérieux !


2010 - 10
D’après Elle et Marie-Claire, mes chers magazines féminins français, LA RENTRÉE répond à des critères bien précis : feuilles mortes roussâtres sonnant le glas des vacances, premiers frimas imposant de sortir ses « petites laines », gommage obligatoire de la peau afin d’éviter que la fin du bronzage – si durement acquis – ne vire à la jaunisse, nettoyage des parkas, doudounes et gros pulls de nos chers petits, reprise des horaires de bureau et mélancolie des petites aubes grises dans les transports en commun…

Pour surmonter toute cette tristesse, les journalistes, résolument optimistes, ne ménagent pas leurs conseils : d’abord adoucir la rentrée des tout-petits par des achats de fournitures scolaires gaies et colorées, puis leur préparer un bon petit déjeuner « nutritif », enfin, en cas de gros cafard rebelle, revoir ensemble les photos des vacances, en rêvant des prochaines… Pour les mamans, une visite à un « spa bien-être » s’impose afin de « remettre sa pendule biologique à l’heure », en clair, afin de pouvoir supporter à nouveau métro-boulot-dodo et collègues grincheuses.
Dans notre Liban bien-aimé, LA RENTRÉE n’en est pas une et ne répond d’ailleurs à aucun critère sérieux : on traîne encore à la montagne où il fait encore si beau qu’on n’a pas le cœur de fermer la maison (on s’arrangera en douce avec le chauffeur d’autocar). Les gosses qui ont passé le week-end à la plage arrivent tout bronzés à l’école avec des devoirs de vacances écrits à la va-vite par leurs parents la veille. Même à Beyrouth, il fait si chaud qu’on prend encore son café sur le balcon, ce qui nous permet de faire de grands signes joyeux aux enfants lorsqu’ils montent dans leur bus. On étouffe rien que de penser aux habits d’hiver et, conformément à une tradition séculaire établie par notre chère grand-mère, les tapis ne seront pas remis avant la fête de l’Indépendance, le 22 novembre. Quant aux feuilles mortes, on a eu beau chercher depuis notre enfance, on n’en a jamais vu chez nous...

Décidément, on n’est pas un pays à RENTRÉE…


Est-ce d’être si souvent partis ?
 
 
D.R.
 
2020-04 / NUMÉRO 166