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2020-04 / NUMÉRO 166   RÉAGISSEZ / ÉCRIVEZ-NOUS
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Le clin d'Å“il de Nada Nassar-Chaoul
Aux (autres) femmes


2017 - 04
Le mois de mars est, depuis quelques années déjà, celui dit de « LA FEMME ». Durant ce mois, il est difficile d’échapper, au Liban comme ailleurs, aux multiples congrès, conférences et talk-shows où l’on devise fiévreusement des droits acquis, de ceux à acquérir, des quotas féminins, des inégalités de salaires, de représentation politique et autres injustices faites aux femmes, sans compter les sit-in, manif, harangues et démonstrations médiatiques en tous genres sur le thème.

S’il est d’usage, à cette occasion, de rendre hommage, à juste titre, aux pionnières des droits de la femme et aux féministes combatives, je voudrais aujourd’hui rendre hommage à toutes les autres. Aux discrètes, à celles qui ont vécu dans l’ombre, aux oubliées de la gloire, des plateaux de télé et de l’Histoire. À celles qui ont supporté pendant des années un mari difficile, ombrageux ou querelleur, sans brandir le Code civil, pour ne pas perturber la vie des enfants. À celles qui, dans les moments difficiles, ne se sont plus acheté une seule robe pour que leurs filles puissent arborer de jolies toilettes. À celles qui ont économisé sou sur sou, se privant de toute distraction, pour que leurs fils puissent poursuivre des études à l’étranger et réaliser leurs rêves. À celles qui, sachant tout des incartades d’un mari volage, n’ont pas hésité à le soigner à son retour au bercail, vieux et malade. Aux veuves jeunes et jolies qui ne se sont jamais remariées pour ne pas imposer un beau-père à leurs enfants. À celles qui ont accepté d’assumer seules les responsabilités de la famille en temps de guerre, au gré des bombardements et des nuits de fortune dans les abris, pour que le mari puisse chercher, sous de meilleurs cieux, de quoi faire vivre décemment la famille. À celles qui ont guéri, par leur affection, tous les bobos de l’âme et du corps, qui ont soigné leurs parents malades et assisté leur fratrie dans les moments difficiles. À celles, en somme, grâce auxquelles le Liban est resté, malgré tout, une terre douce où il fait bon vivre.

À toutes celles-là, à nos mères, à nos tantes, à nos grand-mères aimantes, à celles qui nous ont quittés et à celles qui sont toujours à nos côtés, et même si leurs sacrifices – n’ayons pas peur des mots – ne sont plus à la mode, un merci du fond du cœur.

 
 
© Collection Medawar / FAI
 
2020-04 / NUMÉRO 166