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2020-04 / NUMÉRO 166   RÉAGISSEZ / ÉCRIVEZ-NOUS
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Le clin d'Å“il de Nada Nassar-Chaoul
Une sortie « culturelle »


2018 - 08
Dans l’aube claire de ce qui s’annonçait être une belle journée d’été, les femmes rassemblées dans le parking piaillaient à qui mieux mieux. Embrassades, accolades, exclamations vraies ou fausses (comme tu as minci, comme tu as rajeuni, comme tu as bonne mine, j’adôôôre la nouvelle couleur blonde de tes cheveux, quel beau « top » vert pomme, mon œil…), échange fiévreux de nouvelles des enfants et, plus fréquemment… des petits-enfants avec pour leitmotiv « quand est-ce qu’ils viennent ? Quand est-ce qu’ils partent ? »…

L’arrivée de la responsable de la sortie, comme jadis celle de la « demoiselle » en classe, met fin, comme par magie, au tohu-bohu. Encore un peu, on se mettrait en rang… Le programme est annoncé, heure par heure, avant une méga-distribution de « manakich » et de jus régressifs de forme pyramidale accueillie par des vivats de joie, comme l’arrivée d’un lot alimentaire dans un pays du tiers-monde. Dire qu’on croyait ces dames perpétuellement au régime. Les voilà qui mordent joyeusement dans leurs galettes toutes chaudes.

Les plus malignes profitent de la gloutonnerie générale pour se faufiler en douce dans le car et réquisitionner les meilleures places. Tapissant les banquettes de leurs affaires, elles marquent implacablement leur territoire, toute tentative par des innocentes de s’assoir sur ces places étant sévèrement réprimée, au cri bien connu des écolières « autocaristes » de « c’est ma place ! ».

Les lacets et les crevasses des routes de montagne en ébranlent plus d’une. Et on est bien contentes d’arriver sur le site « culturel ». La visite, sous un soleil de plomb, en plein midi, de vagues fresques, œuvres d’un obscur artiste chinois, suffit à les achever. Ces dames ne rêvent plus que d’une seule chose : une boisson bien fraîche et un bon déjeuner (avec ce qu’on a payé, pensent-elles en douce…).

Elles sont servies. Le mezzé est délicieux, le méchoui tendre à souhait et l’arak bien frais. Il n’en faut pas plus pour que certaines, débarrassées du souci de plaire aux hommes, entament une danse du ventre qui s’achèvera en dabké endiablée généralisée.

Pour le culturel, je ne sais pas trop… Mais pour la fête, incontestablement, ça a été.
 
 
D.R.
 
2020-04 / NUMÉRO 166