FEUILLETER UN AUTRE NUMÉRO
Mois
Année

2020-04 / NUMÉRO 166   RÉAGISSEZ / ÉCRIVEZ-NOUS
CHERCHER SUR LE SITE
 
ILS / ELLES
 
LIVRES
 
IMAGES
 
Au fil des jours...
 
Portrait
Jean-Claude Simoën, le partage des passions
Jean-Claude Simoën, éditeur chez Plon, vient d'écrire une véritable anthologie des grandes découvertes archéologiques. Portrait d'un voyageur curieux qui sait se faire plaisir.

Par Carole DAGHER
2008 - 11

Il est des éditeurs qui sont aussi colorés et romanesques que les personnages des livres qu’ils éditent ou qu’ils écrivent ; Jean-Claude Simoën, éditeur chez Plon, en est un. Bien qu’il ait publié de nombreux ouvrages reflétant son amour des voyages, il refuse le titre d’écrivain car, dit-il, « l’écrivain est avant tout un romancier, ce que je ne suis pas ». Son dernier-né L’Épopée de l’archéologie (Fayard) est une véritable anthologie des grandes découvertes archéologiques, une « épopée des connaissances et de la pugnacité » comme il la qualifie.

Mais pourquoi un livre sur l’archéologie ? Parce que Jean-Claude Simoën est tout entier orienté dans le sens de la découverte et du partage de ce qui le passionne, c’est-à-dire les anciennes civilisations et ceux qui les ont sorties de l’oubli, et que les engagements de l’homme, de l’auteur et de l’éditeur qu’il est suffisent à peine à combler le désir de quelqu’un qui aurait manifestement aimé être l’un des grands savants explorateurs dont le XIXe siècle fourmille et dont il parle avec tant d’enthousiasme. « Ils ont eu des vies de roman »,constate-t-il. Cette fascination que lui inspirent les archéologues, Jean-Claude Simoën n’en est pas avare dans son nouvel opus. « Ce que j’ai voulu raconter, c’est la découverte d’un pays, d’une civilisation, voire d’une écriture qui ont provoqué dans notre appréhension de l’évolution de l’humanité un avant et un après. Et ce n’est jamais une aventure seule mais quelque chose de collectif », explique-t-il. Dans ce premier volume, il salue « la ténacité, le bon sens, l’intuition » de ces hommes qui étaient « de courageux savants, quelquefois des érudits et de toute façon toujours d’authentiques pionniers » et qui ont sorti de l’enfouissement les merveilles pharaoniques, Babylone, Petra, Troie, Pompeï, le Machu Picchu, pour ne citer que ces lieux-là. Ils ont pour nom Grotefend, Mariette, Champollion, Maspero, Rawlinson… Simoën ne cache pas que son intérêt pour l’archéologie est dicté aussi par le fait que partir à la recherche de ces civilisations, c’est partir à la recherche de soi-même. À partir du moment où l’on pose une réflexion sur soi-même, on est à la recherche de sa carte d’identité, de ce qui nous a précédés. L’archéologue élargit ainsi notre compréhension de nous-mêmes. « Pour moi, dit-il, l’Orient et le bassin méditerranéen, c’est ma carte d’identité. C’est là que les premières civilisations sont nées. »

L’Égypte et le Liban


L’Orient. C’est là que tout a commencé pour lui : en découvrant l’Égypte et ses merveilles pharaoniques il y a trente ans, Simoën a  le coup de foudre pour les toiles de David Roberts qui tapissent les murs de ces grosses savonnettes luxueuses glissant sur le Nil que sont les bateaux de croisière. Assoiffé de connaissances, il se plonge dans la lecture de Vivant Denon, ce savant qui faisait partie de l’expédition de Bonaparte et qui fut le premier à sortir l’Égypte de la nuit des temps. « J’ai alors eu l’idée de raconter mon propre voyage à travers le regard de ceux qui m’avaient précédé, peintres et écrivains », explique-t-il. Ainsi est né Le Voyage en Égypte, véritable succès de librairie (avec 40 000 exemplaires vendus) qui vient tout juste de paraître dans une édition bilingue arabe-français aux éditions Dar an-Nahar, où des textes d’écrivains accompagnent des toiles et des aquarelles de peintres choisis « uniquement parmi ceux qui se sont rendus sur place. »

Suivent alors Le Voyage en Terre Sainte, Le Voyage en Italie, Le Voyage en France et Le Voyage à Venise, tous dans la même veine. « J’avais envie de continuer avec un Voyage en Turquie, en Grèce et en Espagne, mais mon métier d’éditeur a repris le dessus », précise-t-il, avant d’ajouter :  « Si je reprends le flambeau de mes voyages, je pense que je ferai volontiers un Voyage au Liban. » D’où lui vient cet amour du Liban ?  « D’abord  j’ai épousé une Libanaise, ensuite je me suis pris d’affection pour ce pays et son histoire à travers les écrivains du passé qui m’ont raconté certains personnages extraordinaires comme l’émir Béchir. Mon amour du Liban m’a aussi fait découvrir un archéologue formidable, l’émir Maurice Chehab, le découvreur de la fameuse Tombe aux obélisques qui se trouvait à Byblos. À travers les auteurs libanais que je publie, je me suis également familiarisé avec le pays. Des sites comme Deir el-Qamar et Beiteddine sont gravés à jamais dans ma mémoire. »

Éditeur, un métier de découvertes

Son métier d’éditeur se situe dans le droit fil de ses passions. Ce bibliophile averti (gentleman-farmer à ses heures perdues dans la campagne normande) affirme être devenu éditeur pour porter au plus grand nombre ses propres découvertes et curiosités. Son critère pour publier un livre ? « Me faire plaisir », répond-il. Et les motivations d’ordre commercial ? « On peut faire des livres dignes de ce nom qui se vendent très bien. Il en est ainsi de la collection que j’ai créée, celle du dictionnaire amoureux, qui verse dans l’excellence et qui vend en moyenne 40 000 exemplaires. Le Dictionnaire amoureux du vin de Bernard Pivot a même atteint les 130 000 exemplaires vendus. » Et d’ajouter avec le sourire : « Je ne désespère pas un jour de faire un Dictionnaire amoureux du Liban ! »

BIBLIOGRAPHIE


L'épopée de l'archéologie, savants et aventuriers de Jean-Claude Simoën, Fayard, 387 p.
Le Voyage en Égypte de Jean-Claude Simoën, Dar An-Nahar (édition bilingue arabe - français)

 
 
D.R.
 
2020-04 / NUMÉRO 166