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2020-04 / NUMÉRO 166   RÉAGISSEZ / ÉCRIVEZ-NOUS
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La lettre de New York


Par Clémence BOULOUQUE
2009 - 06
Bientôt, New York va se vider de ses habitants. Il y a quelque chose d’immobile dans les transhumances de la haute société new-yorkaise. Le calendrier est presque immuable. Et juste avant ces départs non loin de New York, qui permettent aux chefs de famille de rejoindre les leurs le week-end tout en sacrifiant aux longues semaines sans vacances, c’est une course aux benefits, ces soirées qui visent à lever de l’argent pour des institutions culturelles ou sociales. Rien de tel dans la réunion des membres de « The Moth » (« la Mite »), qui fête son dixième anniversaire en trombe, résolument l’une des jeunes institutions de la scène new-yorkaise la plus chic et hype. Créé en 1999, le concept rappelle à la fois stand-up comedies et slam, ces improvisations poétiques qui ont enivré le New York underground. En réalité, l’idée est venue au romancier Georges Green bien différemment. Il voulait retrouver le goût des histoires racontées sous le porche dans sa Géorgie natale. Depuis dix ans, les séances du Moth accueillent des milliers de spectateurs et le site www.themoth.org a enregistré plus de trois millions de visiteurs. Dix minutes sur scène pour raconter une histoire. Quelques conteurs par soir. Et un public fidèle et toujours plus nombreux. Parmi les diseurs d’histoires passés ou présents figurent en bonne place les journalistes star du New Yorker, comme Adam Gopnick, l’ancien correspondant à Paris, Malcom Gladwell, auteur du Tipping Point (enquête haletante sur ce qui fait les succès et immensément populaire lui-même), ou Tom Reiss, auteur de L’Orientaliste qui finit actuellement sa biographie d’Alexandre Dumas Père, fruit de quatre années d’enquête d’Égypte en France. Frank McCourt, auteur des Cendres d’Angela, Philip Gourevitch, auteur de livres puissants sur le Rwanda et corédacteur en chef de la Paris Review, ainsi que Georges Plimpton, fondateur de la Review –, d’autres noms parmi les plus prestigieux de la scène culturelle apparaissent aussi au nombre des conteurs. Il y a également les plus « people » – les chanteurs Suzanne Vega ou Moby, la réalisatrice Mira Nair, la mère de Sex and the city Candace Bushnell ou encore le comédien Ethan Hawke. Enfin, la scène du Moth accueille des inconnus – une fois faite la conquête du public, ils reviennent raconter d’autres anecdotes professionnelles et les plébiscités sont ainsi un pickpocket, une animatrice de séance vaudou, un ancien policier de NYPD.

Aux côtés de son équipe, George Dawes Green peut être content. Cet été paraît de plus son nouveau roman, Ravens (Les Corbeaux). Romancier culte pour son premier titre, il y a trente ans, l’auteur de La Saint-Valentin de l’homme des cavernes pointe toujours aux lisières du fantastique. Peu prolifique, mais très attendu, il s’amuse de faire patienter ses lecteurs et éditeurs. Son nouveau conte de kidnapping et de télévangéliste a déjà ravi les critiques. Si les lecteurs lui réservent un accueil aussi généreux que les éclats de rire accompagnant la narration de Malcolm Gladwell dévastant un mariage avec son discours aux mariés, Les Corbeaux de George devrait noircir les tables des libraires et accompagner les migrations saisonnières de bien des New-Yorkers.


 
 
© Alexandre Medawar
 
2020-04 / NUMÉRO 166