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2020-04 / NUMÉRO 166   RÉAGISSEZ / ÉCRIVEZ-NOUS
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Chroniques



Par Zeina ANTONIOS
2007 - 02


Juillet 2006?: le Liban est sous les bombes. Ses habitants, pris de court, assistent à sa destruction. Pour exprimer leurs souffrances et leur rage, plusieurs Libanais créent des blogs où ils racontent la vie quotidienne durant ses trente-trois jours de mauvais rêve. C’est ce que font, entre autres, Nadine Chéhadé et Yasmina Raffoul. Leurs textes sont très vite découverts par Les bords perdus, un petit éditeur franco-libanais travaillant en dehors des circuits commerciaux, qui propose aux jeunes femmes de publier une partie de leurs journaux de guerre. Il y ajoute le texte d’une troisième Libanaise, Caroline Hatem. Ainsi naît Beyrouth, été 2006, un élégant et très beau petit ouvrage. Trois auteurs, trois styles différents qui nous éclairent sur les différentes façon de percevoir un seul et même événement?: description très fine de l’environnement quotidien par temps de guerre et des angoisses qu’il peut générer chez Chéhadé et Raffoul, considérations sur le sens et la difficulté de l’exil chez Hatem. Et, chez les trois, un humour discret et désespéré. Trois séries de fragments ordonnés de manière chronologique et qui, finalement, couvrent l’ensemble de la guerre et nous plongent dans l’ambiance qui a prévalu à Beyrouth cet été?: des ponts détruits à la pénurie de carburant en passant par l’envie acharnée de vivre quand même ou par l’obligation de l’exode… Les trois récits nous montrent également à quel point le peuple libanais vit dans la hantise de la guerre d’avant, selon un des leitmotive de Nadine Chéhadé, et dans la crainte d’une nouvelle guerre civile. Beyrouth, été 2006, c’est le récit que chacun de nous aurait voulu écrire pour raconter ce qu’il a enduré l’été dernier et se débarrasser du poids d’un cauchemar vécu dans l’impuissance.

 
 
 
BIBLIOGRAPHIE
Beyrouth, été 2006 de Nadine Chéhadé, Caroline Hatem et Yasmina Raffou, Les Bords perdus, 2006.
 
2020-04 / NUMÉRO 166