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2020-04 / NUMÉRO 166   RÉAGISSEZ / ÉCRIVEZ-NOUS
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Livres en cuisine


Par Jabbour Douaihy
2014 - 11
L'idée d'un prix littéraire récompensant un livre de gastronomie « titillait » depuis longtemps Noha Baz, pédiatre reconnue entre Beyrouth et Paris et qui a fait de la cuisine une passion à part entière : lire les traités, préparer les mets avec bonheur et surtout rassembler des amis autour d’une table pour des moments d’échange et de bienveillance « volés à la routine ». Diplômée en Hautes études du goût et de la gastronomie de l’Université de Reims, elle perpétue une manière de tradition familiale ou « la cuisine était une pièce centrale de la maison » et surtout ce creuset où se retrouvaient la cuisine européenne de sa mère, les recettes alépines de sa famille paternelle et bien sûr les secrets toujours revisités de la table libanaise. 

Voilà, la boucle est bouclée et il a suffi d’une rencontre entre Noha Baz et Farouk Mardam Bey au Salon du Livre francophone de Beyrouth 2013 pour que se concrétise l’idée d’un prix couronnant un bon livre « parlant d'une belle histoire de transmission ou de tradition gastronomique, racontant un savoir-faire familial, décrivant une région du monde, un patrimoine sous l'angle de la gastronomie ». Farouk Mardam Bey, qui a signé de Paris où il a élu domicile ses inoubliables chroniques culinaires dans la revue Qantara dont il était le directeur à l’Institut du Monde Arabe et qui seront reprises par son ami Samir Kassir dans L’Orient-Express beyrouthin puis réunies en volume, inspirera à Noha Baz le nom du prix, Ziryab. Né dans le Moussoul irakien aujourd’hui en pleine tourmente, cet affranchi encore appelé « le merle noir » pour la couleur de sa peau et le filet de sa voix s’établira au IXe siècle dans Cordoue l’andalouse où il introduira le luth arabe à cinq cordes ainsi que… l’asperge ! C’est que musicologue, géographe et astronome, Abu el-Hassan Ali ben Nafi, alias Ziryab, s’intéressait aussi à la cuisine, les recettes et l’art de la table. 

Le jury de la première édition est vite mis sur pied, on y compte en plus de Noha Baz et Farouk Mardam Bey deux grands restaurateurs français, Michel Rostang, grand chef grenoblois et « pape de la cuisine bourgeoise », Gaël Orieux, le jeune chef adepte de la cuisine marine, Fatema Hal « ambassadrice érudite et passionnée de la gastronomie marocaine », le décorateur libanais Élie Gharzouzi et Jack Lang, ancien ministre et actuel président de l’Institut du Monde Arabe.

Cinq titres sont retenus avant le choix du lauréat, à commencer par les « essentiels » et les consacrés : Le Larousse du Pain du grand boulanger fils de boulangers Éric Kayser aux éditions Larousse, la nouvelle édition du Dictionnaire amoureux du Vin aux éditions Plon/Flammarion où le texte de Bernard Pivot est rehaussé d’une très riche iconographie. Vient ensuite Le Grand Véfour aux éditions du Chêne où le maître de ce temple prestigieux de la gastronomie, Guy Martin, veut mélanger les genres : « La peinture est ma principale source d’inspiration. Je cuisine comme d’autres peignent. » Notes, anecdotes et coutumes alimentaires agrémentent le livre de cuisine de la Sérénissime, Venise : les recettes cultes de Laura Zavan chez Marabout, et enfin une plongée chez un homme de lettres, lui-même amateur de belles recettes avec La cuisine d'Alexandre Dumas par Babette de Rozières aux éditions du Chêne.

Qui a dit que l’art culinaire est plus important que l’art littéraire ? Question d’une nécessité vitale. Le gagnant du prix qui sera annoncé le 8 novembre au Salon du livre francophone de Beyrouth les réconciliera sans doute et prouvera que « Sans lard, point de cuisine » (A. Dumas) et sans goût point de littérature !





Prix Ziryab au Salon
 
Table ronde autour du Prix Zyriab le 8 novembre à 19h (Agora)
 
 
Noha Baz D.R.
 
2020-04 / NUMÉRO 166