FEUILLETER UN AUTRE NUMÉRO
Mois
Année

2020-04 / NUMÉRO 166   RÉAGISSEZ / ÉCRIVEZ-NOUS
CHERCHER SUR LE SITE
 
ILS / ELLES
 
LIVRES
 
IMAGES
 
Au fil des jours...
 
Cuisine
Saveurs d'Arménie


Par Rita Bassil EL-RAMY
2007 - 07

Comme la fameuse madeleine de Proust, les parfums des épices parlent, dans la famille Baravian, de l’exode arménien. Exode refoulé dans un petit coin de la bibliothèque où sont enfermées les photos pour éviter la souffrance. Des noms de morts, tombés lors des massacres, reviennent encore sur les lèvres de la grand-mère à 88 ans. C’est autour des repas et de la cuisine que le passé fragmenté se reconstitue. Autour des repas, qui ne peut que rappeler la sacralité de la Cène, que tout se dit. La patrie d’origine, l’Arménie perdue, devient, à travers cet ouvrage de cuisine, une mère nourricière que les enfants cherchent outre-tombe. Avec La cuisine arménienne, Nathalie Baravian, petite-fille de rescapés du génocide de 1915 et attachée de presse aux éditions Actes Sud, donne à la cuisine de ses ancêtres – qui est aussi la sienne ! – une dimension ethnoculturelle et autobiographique. Dans sa préface, Alaa el-Aswany nous prévient d’emblée que « ce livre n’est pas seulement un livre de recettes », tout comme, du reste, les autres titres de la collection L’Orient gourmand qui a vu le jour en 1998 à l’initiative de Farouk Mardam Bey : Traité du pois chiche, Le mezzé libanais (Rudolphe el-Kareh), La cuisine des Califes, À la table du Grand Turc, La cuisine des Pharaons, Les aventures du couscous, Boire et manger en Méditerranée… Quel est donc l’objectif de ces ouvrages qui s’imposent dans la littérature comme un nouveau genre ? « Mettre les recettes dans leur contexte historique et culturel, faire des livres plaisants, contenant des anecdotes, des histoires personnelles, du gai savoir et de l’érudition souriante », nous précise Farouk Mardam Bey, lui-même auteur de La cuisine de Ziryâb. Dans À la table du Grand Turc, par exemple, les recherches de Stéphane Yerasimos couvrent les trois continents qu’embrassait l’Empire ottoman, alors que Florence Ollivry nous révèle, dans Les secrets d’Alep, les recettes des maîtres cuisiniers des cours princières alépines réputées pour leur grand raffinement… Au total, une collection surprenante, où connaissance et cuisine font bon ménage !

 
 
© Ayman Hibri
 
BIBLIOGRAPHIE
La cuisine arménienne de Nathalie Baravian, Actes Sud, 2007, 157 p.
 
2020-04 / NUMÉRO 166