FEUILLETER UN AUTRE NUMÉRO
Mois
Année

2020-04 / NUMÉRO 166   RÉAGISSEZ / ÉCRIVEZ-NOUS
CHERCHER SUR LE SITE
 
ILS / ELLES
 
LIVRES
 
IMAGES
 
Au fil des jours...
 
Témoignage
Le Printemps du Liban et non celui de Beyrouth


Par Samer Frangié
2019 - 11
(…)
Et puis, il y a Tripoli…
Tripoli qui souffre depuis des décennies, de privation, de répression et de discours stéréotypés.
Tripoli qui a longtemps été victime du régime syrien, du Mouvement d’unification islamique, de la centralisation extrême du pays.
Tripoli qui était au cœur même de l’action mais qui n’a réussi à se forger, pour seule réputation dans l’histoire officielle, que celle d’étrangère au « consensus national ».
Tripoli qui, par le passé, avait répondu à tous les appels, mais n’avait jamais réussi à se débarrasser de son rôle de bouc émissaire pour servir des intérêts politiques.
Tripoli que nous avons aimée, mais de loin, sans savoir comment nous en rapprocher. Jamais cette ville ne nous a reproché de l’avoir ignorée. Elle n’a montré envers nous que de l’amour. Elle a décidé de nous pardonner et nous a même sollicités à nouveau.
Tripoli n’a jamais exigé d’excuses, mais nous ne pouvons que lui demander pardon. Du cœur de Sahet el-Nour (la place de la lumière), elle a brisé tous les stéréotypes, elle a renversé toutes les barrières, elle a piétiné tous les discours.

La révolution n’a pas une capitale, mais des capitales, des places, des rues. Il s’agit d’une révolution décentralisée et c’est d’ailleurs son atout premier, la source principale de sa force. Une révolution qui s’est complètement affranchie des embûches que posent généralement la centralisation des mouvements, l’unification des discours et les comités d’harmonisation.

Beyrouth n’est plus le terrain qui doit régler tous les différends politiques pour formuler un discours « national ».
Beyrouth n’est plus la seule ville qui représente les revendications des Libanais.
Beyrouth doit trouver sa place dans ce mouvement décentralisé.
Beyrouth recherche une représentation politique en dehors d’une société civile qui se veut apolitique. 
Aujourd’hui, Beyrouth est à la recherche de Tripoli.
 
 
Paru en arabe sur https://megaphone.news
Traduit par Work With Words
 
 
© Roger Asfar 2019
 
2020-04 / NUMÉRO 166