FEUILLETER UN AUTRE NUMÉRO
Mois
Année

2020-04 / NUMÉRO 166   RÉAGISSEZ / ÉCRIVEZ-NOUS
CHERCHER SUR LE SITE
 
ILS / ELLES
 
LIVRES
 
IMAGES
 
Au fil des jours...
 
Coup de coeur
Suivez le chien
Quand le flair et la volonté d'un chien permettent une rencontre heureuse et inattendue.

Par Edgar Davidian
2015 - 08


Un livre qui rend heureux. Un livre qui donne la pêche. Un livre léger et amusant. Ce qui ne veut guère dire mal écrit ou superficiel. Le dernier roman intitulé Jules de Didier Van Cauwelaert, prix Goncourt en 1994 pour Un aller simple, renoue avec la tradition d’une narration enjouée pour une comédie romantique.

Comédie aux rebondissements multiples, menée tambour battant, drôle et pétillante, qu’on voit très bien transposée en film ou téléfilm. Succès garanti ! Et qu’entre-temps on peut parfaitement lire sans broncher sur un transat sous un parasol sur la plage ou sur un banc sous un noyer en montagne. Ou tout simplement dans le ronron d’un climatiseur en ville.

Les quelques phrases au verso de la couverture, claires comme eau de source, sont déjà si accrocheuses, si alléchantes. Jugez en : « Une femme qui se cherche. Un homme qui se perd. Un chien qui les trouve… Un livre qui rend heureux… ». Et voilà pour les grandes lignes. 

Le vif du sujet est encore plus piquant de curiosité et fourmille d’une vie mordante d’autant plus que dès les premières lignes du récit, la jeune héroïne Alice fait, en aveugle chic et sexy, une apparition fulgurante. Tirant sur le harnais de Jules, son labrador, pour la guider, elle ravit d’emblée le cœur de Zibal. N’écarquillez pas les yeux, le prénom de Zibal est tiré de « Zibala », les ordures à Damas où il a été trouvé dès sa naissance. Cet enfant de la poubelle est adopté par des Français, puis diplômé de Sciences po. Mais manque de pot, malgré ses inventions géniales, jamais ses brevets d’invention ne lui ont rien rapporté. Alors à 42 ans, il vend des macarons à Orly Ouest, niveau Départ, hall 2 ! Et c’est là qu’il est foudroyé par cette belle inconnue aux lunettes noires, hauts talons canari, minishort rouge et top turquoise.

S’enclenche alors une suite rocambolesque d’événements – qu’on tait pour garder le suspense – où les vrais actants du livre ne sont pas les deux « cabossés » de la vie, car Alice retrouve la vue grâce à une intervention chirurgicale (sans parler de l’émouvant épisode qui l’a conduite à la cécité) et Zibal (dont on n’évoque pas en détail le passé) aura meilleure chance dans sa profession.

Reste le facteur amour joliment noué entre ces deux êtres (on devrait dire les trois car Jules n’est pas à exclure du cercle !) dont le parcours atypique  laisse rêveur et méditatif. Avec un sourire aux lèvres. Car Jules, ce compagnon canin fidèle, doué et zélé, rafistole, avec quel talent et prouesse, tous les vases cassés…

Le voilà en « go-between » averti, en messager inattendu, en trait d’union d’une fidélité à toute épreuve, en infaillible flaireur des sentiments, en coordinateur des plus fins limiers. Un chien qui jappe à toutes les pages, qu’on aime aussi bien que Milou, Rintintin, Lassie, Snoopy ou Rantaplan. 

En fait c’est lui, Jules, grognant, couinant, queue en balancier, langue en quête d’un carré de peau à lécher, regard et oreilles toujours aux aguets, le vrai nerf moteur de cette fiction qui peut très bien être puisée au cœur de la réalité.

Ce roman joyeux, loin d’être guimauve, séduit non seulement par ses situations farfelues et cocasses mais par ses vertus littéraires. Phrases fluides et simples, célérité du propos, dialogues percutants, portraits brossés avec humour et finesse. Un rythme des temps modernes, speedé et élégant. Tout comme l’époustouflante histoire qu’il raconte !



 
 
« Une femme qui se cherche. Un homme qui se perd. Un chien qui les trouve… »
 
BIBLIOGRAPHIE
Jules de Van Cauwelaert, Albin Michel 2015, 288 p.
 
2020-04 / NUMÉRO 166