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2020-04 / NUMÉRO 166   RÉAGISSEZ / ÉCRIVEZ-NOUS
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Poésie



Par Antoine Boulad
2006 - 07

Soixante-dix sept ans après, c’est avec un tremblement d’émotion que j’écris ces quelques pre-mières lignes dédiées aux quatre premiers chevaliers de L’Orient Littéraire, notamment au plus poète d’entre eux, Georges Schéhadé.

«Notre honneur aura été...?!?» ...de poursuivre la voie en ouvrant les colonnes de cette rubrique aux poètes d’aujourd’hui qui font «?dérailler les trains?» du langage?!

Que Georges Naccache, Antoine Mourani, Antoine Tabet et Georges Schehadé reposent en paix?! «?Dans cet-te ville, dans cette société où l’on est de moins en moins heureux que deux et deux n’aient pas cessé de faire quatre?» la poésie se lève, prend son grabat et marche?! De jeunes poètes en chair et en os vivent parmi nous?! Ils écrivent des textes qu’ils crient parfois. Ils les publient, les lisent et les jouent, dans la cité. Des anges – séculaires?! - traversent le ciel de Beyrouth pour annoncer la bonne nouvelle à ceux qui croyaient que cette espèce d’hommes et de femmes était en voie d’extinction?! Alléluia?! La poésie que la guerre et l’occupation avaient tenté de réduire renaît de ses cendres et continue de se faire au quotidien et son soleil noir d’irradier. Résurgence de voix vives dont on entend sourdre le fleuve souterrain qui coulait sous nos pas. Le voilà qui gronde en charriant les bienséances des belles lettres?! Le courant écervelé qu’il dessine est une promesse d’aube?: Pépites de nuit de Ritta Baddoura, Longueur d’ombre de Nadim Bou Khalil, Les sept chants de la Madeleine de Nada Heleiwa, pour ne citer que quelques pistes, sans oublier Le plus clair de la nuit de Fady Noun.

Par ailleurs, l’une des lignes de conduite («?l’autre c’est le soleil?!?») que se propose cette rubrique consistera à jeter des ponts entre les deux rives de la poésie libanaise. La farce simplificatrice et humiliante au nom de laquelle on exclut les poètes qui s’expriment en arabe ou ceux d’expression française a trop longtemps duré pour ne pas souhaiter lui tordre le cou?! Nous avons trop partagé le pain et le sel de la convivialité pour prétendre nous ignorer; nous avons en même temps trop peu exploré les richesses insoupçonnées des fécondations mutuelles des deux langues de notre culture pour ne pas la prendre désormais à bras le corps. Combien de publications ont paru mettant en lumière notre langue commune?? À combien de colloques ou autres manifestations culturelles nos poètes arabophones et francophones ont-ils participé, main dans la main?? Serait-il cohérent d’aller fouiller les fonds de la Méditerranée sans courtiser la femme aux odeurs orientales qui hante nos yeux??

 
 
 
2020-04 / NUMÉRO 166