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2020-04 / NUMÉRO 166   RÉAGISSEZ / ÉCRIVEZ-NOUS
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Poésie



Par Antoine Boulad
2017 - 12


La poésie de Gharios exprime son amour et son attachement profonds pour le Liban sur lequel elle fonde son identité et sa parole claire et cristalline. Cependant, peut-on rester amoureuse d’un pays où l’on est «?captif?»?? Où l’on est lassé et déçu?? Éconduite, cette dernière ne se laisse pas abattre, malgré tout. Elle garde quand même espoir bien qu’elle soit pour l’heure «?cette déroutée?» qui erre sur «?la cime des questions?». «?Qui suis-je???» «?Un pays… c’est quoi???»

Ce pays, «?ange?» déchu, qui «?devient Gulliver?» et dont «?l’air est irrespirable?»?; ce pays que l'auteure «?borde comme un enfant malade?» et que les «?vandales?» recouvrent d’un «?épais linceul?»?; ce pays meurtri, en proie au «?chaos?»?; ce pays où du soleil ne demeurent que des «?débris?»?; ce pays dont le «?fleuve noir?» recueille les «?eaux viles?» et qui a «?désappris à chanter?»…

Tels de nombreux autres, le poème intitulé Embellie sur commande a pour démarche celle du recueil dans son ensemble. Il débute par «?Dans mon pays?». Rien d’étonnant puisque ce recueil a le Liban pour fondement et axe fondateur. Ensuite, viennent la déchéance et la peau de chagrin?: «?De moins en moins...?», «?se fait rare?», «?agonie?»... Enfin, dans un troisième temps, on assiste à l’avènement de «?l'espérance?» que la poésie tisse quand même, «?plantée?» dans «?le territoire des mots?» comme l’écrit dans la préface Nayla Tamraz.
Parce qu’un attachement aveugle et inconditionnel ne serait pas de l’amour. Un attachement qui n’irait qu’en pays de «?Nostalgie?» ne serait pas un voyage. L’amour a les yeux ouverts?; il est lucide et c’est «?la conscience du monde?». Les mots de Michèle Gharios ont les yeux ouverts. Sa poésie dénonce «?la terre sénile?», fustige «?le sol jonché de carcasses (qui) respire la mort?». Sa poésie a les mains ouvertes et généreuses. Comme un enfant montre ses paumes à ses parents en leur demandant de voir qu’elles sont propres. 

«?Quel poids vaudrait la fierté de mon hâle/ devant celui des plaies du monde / (…) le jour où le mot fin s’affichera sur l’écran / de la conscience du monde ??»
 
 
 
BIBLIOGRAPHIE 
Nous n’irons plus en nostalgie de Michèle M. Gharios, Noir blanc etc., 2017, 83 p.

 
 
D.R.
 
2020-04 / NUMÉRO 166