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2020-04 / NUMÉRO 166   RÉAGISSEZ / ÉCRIVEZ-NOUS
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Editorial



Par Alexandre Najjar
2020 - 03
On croyait l’époque des fléaux révolue et qu’on ne connaîtrait ni le choléra évoqué par Gabriel García Márquez dans L’Amour aux temps du choléra, ni la peste qui a inspiré à Albert Camus le fameux livre dont est tirée cette terrible réflexion?:

«?Ils ne croyaient pas aux fléaux. Le fléau n’est pas à la mesure de l’homme, on se dit donc que le fléau est irréel, c’est un mauvais rêve qui va passer. Mais il ne passe pas toujours et, de mauvais rêve en mauvais rêve, ce sont les hommes qui passent. (…) Ils continuaient de faire des affaires, ils préparaient des voyages et ils avaient des opinions. Comment auraient-ils pensé à la peste qui supprime l’avenir, les déplacements et les discussions?? Ils se croyaient libres et personne ne sera jamais libre tant qu’il y aura des fléaux...?»

Le coronavirus, dont on ne mesure pas encore l’ampleur des dégâts – sachant que les principaux pays touchés ne sont pas réputés pour leur transparence –, nous rappelle brutalement la fragilité de l’homme et les faiblesses de la science face au dérèglement de la nature, et la nécessité de rester solidaires pour trouver des remèdes aux maux qui menacent la planète. Les richesses, les avancées technologiques, l’intelligence artificielle, la suprématie économique et la puissance militaire se révèlent soudain impuissantes face à un vulgaire virus né dans des circonstances obscures au fin fond de la Chine. L’homme se retrouve nu, désarmé, «?accroché aux cordes du vent?».

Reste que ce constat amer n’excuse pas l’ânerie de nos autorités dans leur manière irresponsable de gérer la crise. Que des avions et des bus continuent à arriver d’Iran, directement ou via la Syrie, avec, à leur bord, des voyageurs potentiellement infectés, alors que la plupart des États ont verrouillé leurs frontières pour protéger la population, illustre la mauvaise foi de nos dirigeants, coupables de crime en bande organisée. Rien ne justifie une telle inconscience, ni les alliances politiques ni la peur de «?déplaire?», à moins que ce laxisme ne soit la confirmation que ceux qui téléguident politiquement, militairement et économiquement notre pays depuis des années ont aussi la mainmise sur notre santé?!


 
 
 
2020-04 / NUMÉRO 166