Le clin d'œil de Nada Nassar-Chaoul
Condoléances new look
2009 - 12
Les condoléances ne sont plus ce qu’elles étaient.
Dans une salle immense et glacée, style salle des fêtes paroissiale améliorée, on fait son entrée perchée sur des talons vertigineux. Alors qu’on manque de tomber, c’est le moment que choisit notre cher époux pour nous demander d’une voix pressante et légèrement paniquée : « Qui au juste est mort, le père ou la mère ? » On l’ignore superbement, tout en cherchant du regard les proches du défunt disséminés, sans logique apparente, parmi les visiteurs. On finit par en dénicher un qu’on salue avec une chaleur excessive. Il faudrait s’asseoir. Manque de pot, on ne trouve de place qu’au bout de la rangée, à côté de parfaits inconnus.
Autour de nous, le brouhaha relève du cocktail mondain avec exclamations, retrouvailles, embrassades et même quelques rires, vite étouffés. Des serveurs stylés circulent proposant avec componction café et rafraîchissements. Après le quart d’heure réglementaire et sur un signe impatient et prétendument discret de Monsieur, on se lève pour saluer à nouveau (chic ! on a repéré un autre parent).
En partant, on se dit que ces Beyrouthins ont réussi un véritable tour de force : des condoléances sans mort.
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