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2020-04 / NUMÉRO 166   RÉAGISSEZ / ÉCRIVEZ-NOUS
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Le clin d'Å“il de Nada Nassar-Chaoul
Hair Studio


2009 - 11
Avant, cela s’appelait tout bêtement « Coiffure Jean ». Une petite échoppe mal éclairée aux fauteuils de moleskine usés dans laquelle officiait un figaro modeste aux talents incertains, flanqué d’une « manicuriste », (quelle horreur ! mais je vous jure que ça s’appelait comme ça) dont le mari était immanquablement un raté.

À la faveur d’une rénovation d’après-guerre, on avait vu apparaître l’enseigne « Haute coiffure » inspirée, on l’aurait juré, de « Haute couture ». Eclairée au néon, elle dispensait dans le magasin une lumière blafarde qui accentuait cruellement les traits des clientes qui avaient vieilli avec le quartier.

Aujourd’hui, toute allusion au terme si commun de « coiffeur » avait été impitoyablement abolie. Cela s’appelait désormais « Hair Studio » avec pour sous-titre « Mike et Joe - Visagistes ». Dans un décor de loft new-yorkais éclairé façon bloc chirurgical, de jeunes éphèbes « visagistes » serrés dans des jeans taille huit ans évoluaient l’air suprêmement ennuyé. Leurs clientes à demi renversées sur des fauteuils à l’équilibre précaire n’en menaient pas large, terrassées par leurs remarques acerbes et leurs mines dégoûtées. Quant à la bonne vieille manucure, elle avait été remplacée par un « Nail Bar & Spa ».

Avec ces « Studios », ces « Bars » et ces « Spas » si glamour, on se croirait à Hollywood. Alors qu’on est toujours à Zalka.
 
 
 
2020-04 / NUMÉRO 166