FEUILLETER UN AUTRE NUMÉRO
Mois
Année

2020-04 / NUMÉRO 166   RÉAGISSEZ / ÉCRIVEZ-NOUS
CHERCHER SUR LE SITE
 
ILS / ELLES
 
LIVRES
 
IMAGES
 
Au fil des jours...
 
Hommage



Par Samir Frangié
2015 - 12

L’œuvre de René Girard, anthropologue et philosophe français, membre de l’Académie française, mort quelques jours avant la vague terroriste qui a visé Paris, le 13 novembre, est aujourd’hui d’une très grande utilité pour comprendre les raisons de cette violence qui s’étend de jour en jour et qui n’épargne plus l’Europe.

À l’origine de toute violence, explique Girard, se trouve le désir qui, de par sa nature mimétique –?chacun désirant ce que désire autrui?–, mène à la rivalité qui est au fondement de la violence humaine, une violence qui «?uniformise?» les individus, chacun devenant le double ou le «?jumeau?» de son antagoniste. À son paroxysme, cette violence issue de la rivalité mimétique, se fixe toujours sur une «?victime arbitraire?» dont l’élimination permet de faire tomber la violence et de ressouder la communauté. Elle devient à ce titre «?sacrée?», c’est-à-dire porteuse de ce pouvoir de déchaîner la crise comme de ramener la paix. C’est en se basant sur cette lecture de la violence comme produit d’une rivalité mimétique que Girard a considéré, au lendemain des attentats du 11 septembre aux États-Unis, que le terrorisme est suscité par un désir exacerbé de convergence et de ressemblance avec l’Occident. «?L’islam, dit-il, fournit le ciment qu’on trouvait autrefois dans le marxisme?; son rapport mystique avec la mort nous le rend plus mystérieux encore?». Comment échapper à cette violence mimétique dont personne ne se considère responsable et dont tous s’estiment être les victimes?? La réponse de Girard est claire?: seul un renoncement inconditionnel à la violence permettrait de briser le cycle infernal des représailles.


 
 
D.R.
 
2020-04 / NUMÉRO 166