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2020-04 / NUMÉRO 166   RÉAGISSEZ / ÉCRIVEZ-NOUS
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Editorial
Arbitraire


Par Alexandre Najjar
2017 - 03
Des centaines d'intellectuels et d'artistes libanais et arabes, relayés par des milliers d'internautes, ont appuyé la candidature de Ghassan Salamé au poste de directeur général de l'Unesco. Pour son profil de professeur et de politologue reconnu, pour son parcours exemplaire au ministère de la Culture, pour son expérience à l'Onu et au sein d'autres instances internationales, et pour son projet de réforme d'une organisation en panne de renouveau.

Ils espéraient être entendus, mais le gouvernement est resté sourd à leur appel. Nous le constatons avec amertume au moment où la date de clôture pour le dépôt des candidatures, prévue le 15 mars, se rapproche. Cette attitude ne nous rassure pas quant à la capacité d'écoute de nos dirigeants, incapables de tenir compte de l'opinion de l'intelligentsia du pays qu'ils entendent gouverner. C'est une occasion manquée de plus, celle de voir l'homme qu'il faut nommé au poste qu'il faut ; celle de démontrer au monde que nous pouvons contribuer à reconstruire des institutions phares, que nos intellectuels sont novateurs et porteurs de visions, et que la culture est un domaine où le Liban pèse lourd malgré son exiguïté.

Ghassan Salamé jouit d'une réputation internationale et plusieurs pays attendent depuis des mois un geste du Liban pour soutenir à leur tour sa candidature. À leurs yeux, il s'agit d'une démarche majeure pour le monde arabe à l'heure où les conflits le déchirent et mettent en péril son patrimoine. Il est un peu tard, mais il est encore temps.

La présence du Liban sur la scène internationale n'est pas un jouet. Et le peuple libanais n'est pas bête. Il saura, le jour venu, réclamer des comptes à ceux qui, arbitrairement et pour des raisons qui seront tôt ou tard connues, bradent les chances du Liban, mais aussi celles du monde arabe, d'accéder à un poste international stratégique. Tout dans ce pays va à vau-l'eau : la loi électorale tant promise fait l'objet de marchandages lamentables et les combines de l'oligarchie ne se comptent plus. Épargnons au moins la culture.

 
 
 
2020-04 / NUMÉRO 166